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Les banques européennes craignent d’être pénalisées face à leurs rivales américaines


Selon une récente étude, les établissements européens pourraient être contraints de dégager jusqu'à 120 milliards d'euros de capitaux supplémentaires en cas de mise en œuvre des nouvelles dispositions envisagées par le comité de Bâle. (photo AFP)

Entre négociations de nouvelles règles bancaires internationales et projet de détricotage de la réglementation financière aux Etats-Unis, les banques européennes redoutent d’être défavorisées dans la compétition mondiale face à leurs rivales américaines.

Les inquiétudes se cristallisent autour des négociations au sein du Comité de Bâle, l’instance internationale chargée de soumettre aux gouvernements des recommandations concernant les règles bancaires, ont affirmé plusieurs sources au sein du secteur européen.

Réuni depuis mercredi en Suède, le comité tente de finaliser plusieurs propositions de réformes, baptisées « Bâle IV » par le secteur, portant entre autres sur les règles de calcul des risques pris par les banques et les exigences de fonds propres imposées à ces établissements.

En janvier, le comité avait dû reporter ses travaux, faute de consensus autour de la voie à adopter.

Les discussions achoppent sur l’introduction d’un « plancher », c’est-à-dire un écart maximum autorisé entre le niveau de risque obtenu via la méthode standard, définie par les autorités financières, et celle dite des « modèles internes », plus complexe, définie par les banques elles-mêmes et généralement moins consommatrice de fonds propres en reflétant mieux – selon ses promoteurs – les risques pris par les banques.

« Ce travail d’harmonisation mondiale est largement influencé par le secteur financier dominant, donc par l’approche américaine », a dénoncé cette semaine la Fédération bancaire française.

Ces dernières années, banques et superviseurs européens ont eu davantage recours aux modèles internes, là où le secteur américain a affiché sa préférence pour les modèles standards.

Fonds propres supplémentaires

Selon une étude récente du cabinet McKinsey, les établissements européens pourraient être contraints de dégager jusqu’à 120 milliards d’euros de capitaux supplémentaires en cas de mise en œuvre des nouvelles dispositions envisagées par le comité de Bâle.

Une perspective qui passe mal auprès des intéressés, qui assurent avoir déjà considérablement renforcé leurs fonds propres pour se conformer aux règles héritées de la crise financière.

« Il est important de maintenir un cadre international cohérent pour éviter les arbitrages réglementaires tout en garantissant un traitement sur un pied d’égalité » pour l’ensemble des acteurs, explique, prudente, la Fédération bancaire européenne.

« C’est un piège pour les Européens ! » peste toutefois une source bancaire française sous couvert d’anonymat, « il y a un côté purement concurrentiel dans tout ça, les négociateurs américains ont réussi à imposer l’idée d’un plancher qui, quel que soit son niveau, va se révéler extrêmement mordant pour les banques qui sont en modèle interne ».

Les recommandation de Bâle ne sont certes pas contraignantes, mais « il est très difficile de s’en écarter une fois qu’elles sont formulées », assure cette même source.

Pas sûr toutefois que les autorités européennes soient prêtes à prendre le risque d’un échec des discussions bâloises.

« On ne veut pas bloquer les négociations à cause de l’Europe, ce ne serait pas cohérent à un moment où on a critiqué Trump pour être sorti de l’accord sur le climat », a déclaré un négociateur européen.

Allègement réglementaire aux Etats-Unis

Les mesures envisagées risquent toutefois « de pénaliser unilatéralement le secteur bancaire européen » et seraient d’autant plus mal vécues que les Etats-Unis s’engagent, eux, sur la voie d’un allègement des contraintes pour les banques, s’inquiète la fédération allemande BdB.

Lundi, l’administration Trump a dévoilé une feuille de route pour diminuer la règlementation bancaire américaine, en recommandant notamment un allègement des tests de résistance des grandes banques.

« Si tout ceci se met effectivement en oeuvre, les banques allemandes doivent se préparer à des temps désagréables », renchérit le lobby bancaire allemand.

Ces cris d’alarme étaient « attendus », pointe toutefois Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence en sciences économiques à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

« Un certain nombre d’études montrent que les modèles internes permettent de sous-évaluer certains risques. Tout l’enjeu pour les banques européennes, c’est de faire en sorte qu’on ne revienne pas sur l’utilisation de ces modèles », estime la chercheuse.

Selon elle, les projets de l’administration Trump « permettent aux banques européennes de faire valoir une concurrence déloyale des banques américaines et ainsi résister à de nouveaux accords au sein du comité de Bâle ».

Le Quotidien / AFP

Un commentaire

  1. Seilhelena@gmail.lu

    Nous avant mare de payer touts le temps pour la Grèce ils n’arrivant jamais à rembourser les Pays c’est l’argent du peuple à nous ont refuse des crédits Européennes réveillé vous

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