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Luxair résiste bien à la concurrence


Luxair a repoussé au 30 mai un retour de ses activités. (Photo : archives Editpress)

Face à la concurrence, notamment de Ryanair, le groupe Luxair innove du côté tant des destinations que des outils digitaux.

Depuis plusieurs années, l’aéroport du Luxembourg est en croissance et il affiche depuis 2015 25 nouvelles destinations au départ du Findel. Longtemps, Luxair a régné en maître sur le tarmac, mais la donne a commencé à changer avec l’arrivée de Ryanair, la compagnie à bas prix irlandaise, et d’autres concurrents. Pourtant, Luxair continue de résister, avec succès.

Pour cela, la compagnie aérienne luxembourgeoise se doit d’innover et d’élargir sa carte des destinations. Dans les mois à venir, trois nouvelles liaisons vont être ouvertes : Nantes (fin mars), Montpellier (avril) et Florence en Italie dès le 30 mars. «Avec Nantes, qui est la porte d’entrée de la Bretagne, et Montpellier, qui est une valeur sûre, nous voulions redonner un coup de jeunesse à nos destinations, déclare Laurent Jossart, le vice-président exécutif de Luxair Luxembourg Airlines. Florence, que Luxair avait déjà reliée dans le passé, est déjà un succès avec un tiers de nos capacités sur l’été qui sont déjà réservées. Toujours pour la saison estivale, nous allons augmenter nos fréquences, notamment vers Nice qui est une destination qui ne se dément pas depuis plusieurs années»

En parallèle, le groupe travaille sur la digitalisation de ses services et propose par exemple «Smart Pricer», un outil numérique permettant de visualiser le meilleur prix d’une destination en fonction de la date du voyage. Et récemment son site internet dédié à LuxairTours a subi une mise à jour.

4,4 millions de clients

Le groupe a également mis au point une offre spéciale pour les étudiants. En vigueur depuis le 4 novembre, elle leur permet de bénéficier d’un prix spécial de 199 euros aller-retour tout compris. En outre, Luxair multiplie les offres spéciales comme actuellement avec des vols aller-retour à partir de 79 euros pendant le mois de décembre. Par la suite, de véritables «soldes» auront lieu au mois de janvier pour préparer le salon Vakanz où le groupe aura 2 500 m² de stand, du jamais vu.

Toujours du côté de l’innovation, Luxair a développé un outil permettant au client de bloquer un prix et un vol pendant 24 heures, moyennant 5 euros, ou pendant 48 heures, moyennant 10 euros, afin de laisser une marge de manœuvre à ses futurs clients.

Malgré la concurrence des low cost et l’attractivité en hausse du Findel, les chiffres de la partie «Airlines» restent stables avec 1,4 million de passagers transportés pour 2019, soit une légère croissance qui sera tout de même affectée en 2020 par l’arrêt de la liaison Sarrebruck-Berlin. «On continue de travailler sur la qualité de nos services et de cultiver la confiance de nos clients, affirme Laurent Jossart. Évidemment, l’arrivée de la concurrence a obligé le groupe à se remettre en question et à mieux travailler. L’arrivée d’un low cost dans un aéroport crée de la croissance. Il va amener des nouveaux passagers et il va également nous en prendre un peu. Dire qu’un low cost n’est pas un concurrent, ce serait mentir. Pour nous, cela tire les prix vers le bas, comme toute concurrence, et ça nous oblige à nous remettre en question de manière constante et à travailler sur nos coûts pour être plus efficaces en général.»

LuxairTours, un pilier

Mais Luxair peut également compter sur ses autres métiers, comme le «service» (Luxair Services, qui gère les bagages et la restauration à bord des avions). En effet, Luxair est la seule société à opérer ce type de services pour l’ensemble des compagnies aériennes et à l’aéroport. Son unique concurrent dans ce domaine, Aviapartner, qui détient une licence pour exercer les mêmes services, n’a pour le moment pas développé d’activités sur le Findel. Dès lors, avec 4,4 millions de passagers par an et une croissance estimée à 10 % en 2020, soit 4,8 millions de passagers, LuxairServices a encore de beaux jours devant lui.

Même son de cloche du côté de LuxairTours, le métier de tour-opérateur du groupe qui affiche un peu plus de 700 000 clients cette année, en croissance de 7 %. Le groupe Luxair a donc fait voyager plus de deux millions de personnes cette année. «Sur le voyage à forfait, nous avons peut-être moins de concurrence directe que sur les vols secs, mais on voit qu’elle commence à se montrer de plus en plus», affirme le directeur de LuxairTours, Alberto Kunkel, avant de préciser : «Depuis 15 ans, sauf en 2015 et 2016, nous sommes en croissance, ce qui fait de LuxairTours un véritable pilier du groupe.»

Pour le tour-opérateur, la nouveauté de l’été se trouvera du côté de l’Italie avec Brindisi. À noter également que la destination des Émirats arabes unis fonctionne bien. «Ce n’est pas le grand boom, mais la destination a le mérite d’être en croissance avec 2 100 sièges réservés cette année sur une capacité de 2 900 sièges, souligne Alberto Kunkel. De plus, nous sommes en train de réfléchir à inclure une journée à l’Exposition universelle de Dubaï en 2020 dans le catalogue des activités pour ces clients. Autres destinations qui fonctionnent bien : le Maroc, avec une croissance de 43 %, et l’Égypte.»

LuxairCargo en «phase ascendante»

Enfin, la partie Cargo est «dans une phase ascendante», souligne Jean-Paul Gigleux, le responsable de LuxairCargo. Malgré 250 rotations par semaine, un aéroport classé à la 6e position européenne au niveau du fret et transitant 1,5 % du fret mondial, LuxairCargo a vu son tonnage baisser de 8 % avec 880 000 tonnes de fret en 2019. En 2020, ce sera encore moins bien avec une baisse de 4,6 % à 846 000 tonnes. «Il n’y a pas moins d’avions, mais ils sont moins remplis, explique Jean-Paul Gigleux. Ce n’est pas propre au Luxembourg, c’est la tendance au niveau mondial, pour des raisons d’ordre géopolitique ou d’ordre économique dans le monde.»

Pour autant, LuxairCargo arrive à garder des niveaux de fret élevés, notamment grâce à Cargolux qui occupe 80 % des activités (Cargolux est le principal client de Luxair Cargo) et qui s’est spécialisé dans le transport de marchandises «hors taille standard» comme des animaux ou encore des produits pharmaceutiques très spécifiques.

«Même si l’e-commerce augmente, finalement, nous faisons très peu de colis, contrairement à un aéroport comme Liège. Mais la spécificité de Cargolux sur le marché et le fait que nous nous adaptons aux besoins de nos clients font que nous gardons tout de même ce niveau de fret», précise Jean-Paul Gigleux.

Jeremy Zabatta

Thomas Cook : une faillite positive pour Luxair

Avec la faillite de Thomas Cook, LuxairTours pourrait récupérer certains clients. Interrogé sur le sujet, le directeur de LuxairTours, Alberto Kunkel, s’est voulu prudent : «Même s’il est encore très tôt pour se prononcer, nous avons vu un effet positif sur notre réseau situé en Belgique et en Allemagne, deux pays où Thomas Cook était très présent. Mais d’un autre côté, il va falloir regarder avec attention les éventuels effets négatifs sur le secteur. Peut-être que les assureurs vont augmenter leurs tarifs auprès des tour-opérateurs pour ne pas se retrouver dans la même situation qu’avec Thomas Cook où ils ont dû débourser beaucoup d’argent. Les hôteliers vont également peut-être changer leurs habitudes et demander à être payés plus tôt. Et certaines personnes vont peut-être ne plus vouloir de voyages à forfait après une mésaventure dans le cadre de la faillite de Thomas Cook. Donc, il faut rester prudent, même si pour le moment nous avons vu quelques effets positifs.»

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