Accueil | Economie | LuxLeaks : « Honte au Luxembourg qui inculpe le journaliste auteur des révélations »

LuxLeaks : « Honte au Luxembourg qui inculpe le journaliste auteur des révélations »


La communauté journalistique fait corps contre l'inculpation d'Édouard Perrin.

L’inculpation au Luxembourg du journaliste français Édouard Perrin, qui a contribué à révéler l’affaire LuxLeaks, suscite l’indignation de la communauté journalistique européenne, qui dénonce une atteinte à la liberté de la presse.

La justice luxembourgeoise, qui l’a inculpé le 23 avril, lui reproche d’être « co-auteur sinon complice » du second vol de rescrits fiscaux (tax rulings) par un ex-employé du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) Luxembourg. Il est inculpé pour les chefs de vol domestique, violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires, blanchiment et accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données.

Cette mise en examen d’un journaliste ayant contribué à révéler un scandale reconnu d’intérêt public a eu un fort retentissement médiatique en Europe, notamment en France où une vague de soutiens s’est aussitôt déclenchée malgré les précisions du parquet de Luxembourg ce lundi 27 avril.

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) se dit « consternée » : “La justice luxembourgeoise oublie l’essentiel : les LuxLeaks relèvent de l’intérêt du public, qui a le droit de connaître l’existence des fameux “rulings”, ces accords fiscaux pratiqués par le gouvernement à l’avantage de multinationales. S’agit-il de punir un journaliste qui a donné à voir le scandale, au mépris de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme ? Ces méthodes sont indignes d’un pays comme le Luxembourg. Le droit à l’information, pilier de la démocratie, doit primer dans un tel cas”, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.

En France, le Syndicat national des journalistes (SNJ) écrit : « Edouard Perrin, comme en son temps Denis Robert, est poursuivi pour avoir pleinement exercé sa profession au bénéfice des citoyens. (…) C’est bien la possibilité d’exercer pleinement la mission des journalistes qui est ainsi mise en cause par cette inculpation. »

La Fédération européenne des journalistes (FEJ) a écrit un courrier au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lui demandant de s’assurer que le Luxembourg respecte les lois de l’Union européenne sur la liberté d’expression et d’information. Il y est notamment écrit : « Les journalistes ont le droit de protéger leurs sources confidentielles. Au cours de leurs enquêtes, ils s’appuient souvent sur des lanceurs d’alerte pour se procurer des informations afin de révéler les méfaits des institutions ou des systèmes injustes. La poursuite de ces lanceurs d’alerte dans les LuxLeaks aurait un impact sérieux sur le journalisme d’investigation. »

Dans un communiqué intitulé « Honte sur le Luxembourg qui inculpe le journaliste auteur des révélations », le secrétaire général de la FEJ, Ricardo Gutiérrez, affirme : « Les poursuites à l’encontre d’Edouard Perrin relèvent de la pure intimidation. Les autorités judiciaires grand-ducales entendent manifestement dissuader la presse de révéler les pratiques d’évasion fiscale qui ont cours au Luxembourg. Ces poursuites sont clairement disproportionnées face à l’intérêt public légitime à révéler ces cadeaux fiscaux. Ce harcèlement judiciaire fait honte à la Justice luxembourgeoise. Nous exigeons la levée immédiate des poursuites visant les journalistes et les lanceurs d’alertes, dans cette affaire ».

Le Prix Albert-Londres fait également part de son indignation : « Le journaliste et le lanceur d’alertes ont besoin l’un de l’autre, engagés dans un même combat contre les détournements de la loi, les atteintes à la justice et aux fondements de la démocratie. Que vaudra le travail d’investigation du journaliste lorsque sa liberté de le divulguer sera entravée ? Que vaudra la conscience d’un lanceur d’alerte lorsque l’omerta d’une multinationale la bâillonnera ? » Et d’exiger l’abandon des procédures judiciaires, « car son combat – comme celui de Denis Robert en d’autres temps – est celui de tous les journalistes qui ne craignent pas de porter la plume dans la plaie ».

Tout comme le journaliste d’investigation de Mediapart Fabrice Arfi, qui juge cette inculpation « scandaleuse », la journaliste française Élise Lucet, qui anime l’émission Cash Investigation (dans laquelle Edouard Perrin a révélé les pratiques d’optimisation fiscale au Luxembourg dès mai 2012), apporte également son soutien à Édouard Perrin sur Twitter :

L’agence Premières lignes, pour laquelle travaille Édouard Perrin, soutient la démarche de son journaliste : « Nous considérons pour notre part, que le secret absolu des sources de nos enquêtes doit demeurer un principe, le socle du travail de tous les journalistes. Avec cette longue investigation financière, diffusée dans Cash Investigation sur France 2 et multi primée, Edouard Perrin n’a fait que son travail légitime de journaliste. De nombreux journalistes des plus grands médias internationaux ont repris et prolongé son enquête qui relève de l’intérêt général pour tous les citoyens européens. »

Au Luxembourg, l’ancien député Déi Lénk Justin Turpel a fait part de sa désapprobation dès le 24 avril :


Sylvain Amiotte / Le Quotidien Web

>> Lire tous les articles sur l’affaire Luxleaks ici

 

 

Un commentaire

  1. Honte aux luxembourgeois complices !!!
    Cette société doit être traduite devant la justice pour dissimulation de fraudes fiscales !!!
    Vivement qu’une Eva Joly ou un autre juge intègre s’occupe de cette affaire et rétablisse la justice…

    Les temps ont changés et maintenant à tous les fraudeurs ultrariches, la traque est lancée !!!
    Payer vos impôts comme tous le monde messieurs les ploutocrates sinon le peuple demandera votre tête…

    Soutien total avec les lanceurs d’alerte.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.