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Nouveau partenariat Embraer-Boeing pour attaquer Airbus


La bataille dans les airs est lancée (photo : AFP )

L’annonce du partenariat entre Boeing et Embraer constitue une réponse au rapprochement Airbus-Bombardier, deux opérations qui bouleversent profondément une industrie aéronautique en pleine consolidation et vise plusieurs objectifs stratégiques, notamment en vue des prochains programmes d’avions.

Les deux géants devenus désormais mastodontes de l’aéronautique sont plus que jamais omnipotents sur le marché de l’aviation commerciale après avoir littéralement absorbé leurs petits concurrents, qui s’étaient fait une place, ou tentaient de le faire, dans un marché qui double en taille tous les 15 ans.

Mais au-delà des parts de marché supplémentaires qu’ils contrôlent et qui se comptent en quelques centaines d’appareils, ils se positionnent tous deux en vue des prochains programmes d’avions, notamment les remplaçants des actuels mono-couloirs, et préparent l’arrivée de la concurrence chinoise, voire russe. Ils ont en ligne de mire le chinois Comac. Ce dernier travaille au lancement de son premier moyen-courrier, le C919, au cours de la prochaine décennie, et réfléchit déjà à un projet à long terme de long-courrier, bien plus complexe à développer, en partenariat avec les Russes.

Enfin, les deux avionneurs se renforcent dans les services en s’appuyant sur des acteurs qui ont largement fait la preuve de leur expertise dans la conception: Bombardier avec le CSeries et Embraer avec ses E-Jets E2 remotorisés.

L’arrivée des Chinois

Les deux familles d’avions n’ont pas encore rencontré le succès commercial espéré, mais dans une industrie aéronautique en pleine consolidation, notamment chez les équipementiers, et face aux deux géants qui ne leur laissaient que peu d’espace, Canadiens et Brésiliens ont décidé de s’appuyer sur leurs pairs plutôt que de les affronter, s’ouvrant ainsi le marché nord-américain. « La consolidation se poursuit, c’est difficile d’avoir un seul segment du marché », relève Didier Bréchémier, spécialiste de l’aérien et associé du cabinet de conseil Roland Berger.

Cela souligne « la difficulté pour les acteurs régionaux de ne pas avoir une gamme complète d’avions, c’est ce quoi voit avec Airbus et Bombardier ». A plus long terme, cette annonce est « liée à la préparation à l’arrivée des Chinois sur le marché dans 10 ou 15 ans », ajoute-t-il. Le premier objectif de Boeing est atteint grâce à ce partenariat stratégique avec Embraer, annoncé jeudi.

L’avionneur américain était directement menacé sur son segment moyen-courrier par l’alliance Airbus-Bombardier, entrée en vigueur le 1er juillet. Il consolide ainsi la position de son 737 MAX sur le bas de ce segment, alors que le haut est déjà dominé par Airbus, qui revendique désormais 88% des parts de marché grâce notamment son A321neo. Boeing l’a souligné en indiquant que sa coentreprise avec Embraer, qui ne sera pas effective avant 2019, permettra d’offrir « un portefeuille complet d’avions commerciaux hautement complémentaires (entre 70 et plus de 450 sièges) ».

« Des synergies potentielles »

Mais l’avionneur de Seattle voit plus loin et lorgne sur les capacités en termes d’ingénierie dont dispose Embraer, alors qu’il travaille lui-même au lancement d’un nouvel avion destiné au segment entre les moyen et long-courriers, le NMA (New Mid-Market Airplane) qui serait capable d’emporter entre 225 et 265 passagers.

Boeing, qui n’a pas encore pris de décision de lancement, envisage une entrée en service en 2025. Mais outre les coûts d’exploitation, les coûts de production de cet appareil sont passés au crible afin de parvenir à la meilleure équation financière, sachant que le développement d’un nouvel avion représente un coût de 10 à 15 milliards de dollars.

« Des synergies potentielles existent entre Boeing et Embraer, ce qui pourrait être important pour le développement du prochain nouvel avion pour les deux compagnies », estime Scott Hamilton dans la revue spécialisée américaine Leeham News.

« Dans le schéma industriel et de développement, leur idée est de s’appuyer sur le Brésil pour une partie de ce développement », confirme Pascal Fabre, directeur exécutif chargé de l’étude annuelle « aéronautique et défense » du cabinet Alix Partners. Boeing cherche à profiter d’une présence « en termes d’ingénierie et de production meilleur marché que les Etats-Unis. » Au-delà, Boeing doit aussi se préparer au renouvellement de sa gamme moyen-courrier, après 2030. Profiter de l’expertise, de l’ingénierie et de coûts modérés au Brésil représente une opportunité stratégique non négligeable.

Le Quotidien/ AFP

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