Accueil | Dossiers | Troisième révolution industrielle : le Luxembourg vise la pole position

Troisième révolution industrielle : le Luxembourg vise la pole position


L'économiste américain Jeremy Rifkin et le vice-Premier ministre, Étienne Schneider, ont présenté l'étude «Troisième révolution industrielle», lundi à Luxembourg. (photo Isabella Finzi)

L’étude stratégique «Troisième révolution industrielle», commandée à l’économiste américain Jeremy Rifkin, aspire à rendre le modèle économique actuel du Luxembourg plus durable et interconnecté.

Initiée par le ministère de l’Économie, en collaboration avec la Chambre de commerce et IMS Luxembourg, l’étude a été présentée, lundi, à Luxexpo, devant un parterre de plusieurs centaines de personnes forcément autant excitées que soucieuses de l’avenir du Grand-Duché.

Le Luxembourg entend jouer les premiers rôles en Europe et son gouvernement ne s’en cache pas. «Quelle est l’alternative? Que ferions-nous sans cette étude?», s’est interrogé le vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, Étienne Schneider, qui a balayé d’un revers de la main toute conception d’un modèle économique luxembourgeois basé sur le statu quo.

«L’humanité ne s’arrête pas; elle dispose toujours d’idées nouvelles», a encore argué Étienne Schneider, en se félicitant du rôle de précurseur joué par le Luxembourg, dans ce cadre. Car le Grand-Duché est bel et bien le premier pays à avoir une telle étude comme base de travail pour le futur.

«Gouverner, c’est prévoir», dixit Schneider

Plus concrètement, l’étude en question, a pour objectif de revoir le modèle économique existant, en le rendant plus durable et interconnecté, en s’appuyant sur la convergence des technologies de l’information et de la communication, de l’énergie et des transports. Le tout, au sein d’un réseau intelligent. Rien que ça!

Face aux détracteurs et aux sceptiques, Étienne Schneider a rétorqué que le Luxembourg se devait d’être à la pointe de l’innovation, afin de laisser un héritage substantiel aux générations futures. Ainsi, il a évoqué l’Exposition universelle de 2020, qui se tiendra à Dubai, et dont le thème choisi est «Connecter les esprits, construire le futur».

Lire aussi : L’étude de Jeremy Rifkin facturée 425 000 euros

 

«C’est exactement ce que l’on fait (…) Gouverner, c’est prévoir et il faut préparer le Luxembourg au futur», s’est exclamé le vice-Premier ministre, sûr de son fait. Car, selon lui, la présentation de cette étude n’est pas une fin en soi ou la fin d’un processus, mais bien, au contraire, «le début du lancement des travaux de mise en œuvre de premières mesures concrètes permettant un développement plus qualitatif du Luxembourg».

Une étude qui s’articule autour de neuf piliers

Dans cette optique, l’étude en question s’articule autour de neuf défis qui ont été dégagés et analysés par les neuf groupes de travail constitués, il y a près d’un an. Parmi ces neuf piliers, six d’entre eux représentent des «piliers sectoriels», dixit Christian Scharff, président d’IMS Luxembourg : l’énergie, la mobilité, la construction, l’industrie, l’alimentation et la finance. Les trois piliers restants ont été qualifiés de «transversaux» et ont trait à la «smart economy», l’économie circulaire, ainsi qu’au modèle social et des prosommateurs («prosumer & social model»).

Pour le prospectiviste-économiste Jeremy Rifkin, la chose est entendue : «L’internet des objets a lancé la troisième révolution industrielle», estime-t-il. Avant, pour lui, de préciser le fond de sa pensée visionnaire : «Produire et partager à un coût marginal proche de zéro : c’est la troisième révolution industrielle par le numérique, avec les énergies renouvelables et l’internet des objets.».

Cela étant, Jeremy Rifkin, n’omet pas les composantes sociales et culturelles dans le processus révolutionnaire. «La troisième révolution industrielle n’est pas que basée sur les technologies. Elle comporte également des dimensions sociale et culturelle», a-t-il conclu.

Claude Damiani

Les neuf premières mesures

Le gouvernement va procéder au lancement des travaux de mise en œuvre des mesures et projets suivants :

›Construction d’un internet national de l’énergie

›Promotion de l’électromobilité et lancement d’un programme pour des véhicules personnels sans émissions

›Mise en place progressive de la mobilité comme service («Mobility as a Service») qui représente un écosystème de mobilité durable où le citoyen, selon une approche multimodale, choisit une combinaison de modes de transport convenant au mieux à ses besoins journaliers

›Réalisation d’un projet phare pour démontrer l’apport socioéconomique des quartiers/villes smart, durables et circulaires

›Établissement d’une feuille de route pour une production alimentaire durable basée sur la transparence et la confiance

›Développement de plateformes technologiques co-implantées pour l’industrie et le monde de la recherche publique

›Mise en place d’une plateforme d’intermédiation de financement du développement durable appelée «Luxembourg Sustainable Development Finance Platform»

›Implémentation d’une infrastructure offrant les capacités requises dans le domaine du calcul haute performance (HPC – High Performance Computing)

›Promotion de l’économie circulaire par les marchés publics

Plus de 300 bénévoles impliqués durant une année

L’étude stratégique «Troisième révolution industrielle», qui aura duré près d’un an, a vu plus de 300 représentants, issus de tous les secteurs socioéconomiques, participer bénévolement aux ateliers d’élaboration des 475 pages de l’étude en question, aux côtés de l’équipe de consultants de Jeremy Rifkin, composée, elle, de 24 conseillers.

http://www.troisiemerevolutionindustrielle.lu/

Les questions du public ont eu trait à la sauvegarde des emplois, à la répartition des richesses ou aux nouveaux modèles d'affaires. (photo I.Finzi)

Les questions du public ont eu trait à la sauvegarde des emplois, à la répartition des richesses ou aux nouveaux modèles d’affaires. (photo I.Finzi)

Un débat à la Chambre

Le gouvernement a prévu de procéder à une large consultation des principales institutions (CES, Conseil supérieur pour un développement durable) et d’organisations voire plateformes représentant la jeunesse, comme le Parlement des jeunes. Au bout du compte, cela aboutira à un débat de consultation organisé à la Chambre des députés au sujet de l’étude. Par ailleurs, un mode de gouvernance spécifique sera mis en place par le gouvernement pour discuter d’éventuelles mesures à prendre en fonction des propositions faites dans l’étude.

Par ailleurs, les mesures législatives, réglementaires ou techniques à prendre ainsi que d’éventuels projets phares à réaliser seront discutés au sein de plateformes existantes ou à créer (lire par ailleurs), à des fins de coordination effective. Enfin, un comité national de suivi, sous la responsabilité du ministère de l’Économie, et composé de représentants des ministères concernés et de représentants de partenaires sociaux, devra assurer la coordination générale du processus post-Rifkin.

Quant à la coopération future avec Jeremy Rifkin, Étienne Schneider a indiqué que la question n’avait pas été abordée, mais qu’«il subsistera un lien avec lui», lui qui proposera prochainement ses services à Bruxelles, notamment au Comité des Régions. Cette étude fera l’objet d’un débat à la chambre des députés en début d’année prochaine.

C. D.

Quartier citoyen

Partir du citoyen pour innover, c’est le but du projet pilote «Stuff» situé au Gréngewald dans le quartier du Kirchberg. Le quartier Stuff est un projet pilote initié par le Fonds Kirchberg «dont l’objectif est de mettre en avant la proximité, l’échange et la participation citoyenne».

Par un processus participatif, le quartier Stuff tente de trouver de nouvelles pistes face à la complexité sociale et de résoudre les défis complexes urbains d’aujourd’hui. Ce projet se retrouve dans d’autres quartiers comme à Bonnevoie avec «Transition Bonnevoie».

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.