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La mémoire n’a pas d’âge

Où est-elle ? Où est la relève ? La jeunesse a déserté les cérémonies de la journée de Commémoration nationale organisées dimanche matin dans les rues de la capitale. Les terribles épreuves de la Seconde Guerre mondiale semblent bien loin pour une partie des habitants qui n’a plus le temps de se rassembler ni de réfléchir un instant à ce qu’a subi le continent européen, et le pays, il y a environ 75 ans. Il ne s’agit pourtant que de quelques minutes de recueillement, que de quelques minutes passées auprès de ces anciens qui ont vécu la terreur nazie, qui ont pour beaucoup perdu des proches dans cette conflagration générale, cette barbarie. Non, malheureusement, pas de jeunes de 15 ou 20 ans autour de ces anciens qui sont toujours présents, unis, lors de ces rendez-vous. Impossible pour eux de louper ces instants qui permettent d’honorer la mémoire des victimes qui ont péri dans les affrontements, les bombardements ou qui ont été froidement assassinées par les nazis.
Et que se passera-t-il quand tous ces témoins auront disparu? Qui pour reprendre le flambeau? Dimanche, il était triste de ne pas voir se mobiliser des associations de jeunes pour cet évènement important et qui compte pour bon nombre d’habitants âgés du Grand-Duché.
Lors des différents discours empreints d’émotion dimanche, une idée revenait, lancinante, inquiétante : la barbarie qu’a connue l’Europe au siècle dernier est toujours présente, tapie dans l’ombre. Elle empoisonne encore les cœurs et les âmes, et sème toujours le chaos. Malgré 75 ans de rapprochements entre les peuples d’Europe, le populisme et l’extrémisme sont aux aguets de la moindre faiblesse, de la plus petite faille. La haine de l’autre, sous toutes ses déclinaisons, n’a pas disparu et l’actualité récente est là encore pour nous le rappeler. La journée de Commémoration nationale a mis en lumière tout cela en présence de témoins directs du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale. Il est bien dommage que les plus jeunes habitants du pays n’aient pas été présents en nombre pour montrer qu’eux non plus n’avaient rien oublié et qu’ils étaient prêts à faire vivre pour longtemps le message des survivants.

Laurent Duraisin

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