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Au nom de la liberté

La directive européenne sur les droits d’auteur constitue une menace pour un internet libre et la liberté d’expression, font valoir les multinationales américaines du net. L’affirmation est saugrenue venant des GAFA, les entreprises qui réalisent les plus gros profits sur la planète grâce à des positions de quasi-monopole. Leur modèle économique est presque exclusivement basé sur la prédation : rapine des données des usagers qu’ils revendent aux annonceurs, refus de payer des impôts à hauteur des bénéfices réalisés et pillage des contenus produits par des artistes, auteurs et journalistes qu’ils refusent de rémunérer.

Pour gonfler au maximum leurs profits, ils usent à volonté des techniques de manipulation que leur offre internet. Les données recueillies sur le profil des utilisateurs permettent de les cibler avec des publicités et des contenus qui les enferment dans un segment, une communauté de consommateurs. Par ce biais, les GAFA réduisent délibérément la liberté des internautes à accéder à un contenu varié et diversifié. Pour doper leur audience, leurs algorithmes privilégient les contenus les plus racoleurs et extrémistes. Ils promeuvent en somme une liberté sélective à la seule fin d’engranger de colossaux bénéfices. Pour les artistes et les auteurs dont le travail n’est pas payé, cette façon d’agir est synonyme de toujours plus de précarité sociale. Alors qu’aujourd’hui près de la moitié de la musique vendue dans le monde l’est pas le biais de YouTube, la plateforme n’assure que 7 % de la rémunération des auteurs, compositeurs et interprètes. Les exemples de ce type peuvent être multipliés à l’envi.

Les pionniers du net rêvaient d’un espace totalement libre, gratuit et pareillement accessible à tous pour en faire un outil démocratique à l’échelle mondiale, un outil au service des peuples. Des artistes et intellectuels plaident toujours pour cet internet sans contrainte et sans argent. L’intention est louable et mérite d’être ralliée. Mais elle n’est en aucun cas celle des multinationales américaines pour qui l’internet est un espace de profit. Et rien de plus.

Fabien Grasser

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