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Brexit : les rats quittent le navire

Avec la perspective de plus en plus probante d’un Brexit sans accord, le Royaume-Uni accumule les tuiles. Hier, Honda a annoncé la fermeture en 2021 de son usine de Swindon, qui emploie 3500salariés (lire en page 4). Le constructeur japonais conserve pour l’instant son siège européen en Grande-Bretagne et n’a pas directement évoqué le Brexit, plaçant sa désaffection sur le compte de mutations dans l’industrie automobile. Mais sa décision intervient après celle de Nissan, qui a ouvertement renoncé à produire son X-Trail en Angleterre en raison du flou sur le Brexit. En janvier, c’est Airbus qui menaçait de choix «très douloureux» le pays si celui-ci quitte l’UE sans accord.

Pour les Britanniques, la prédiction d’un Brexit toxique se concrétise d’abord par la perte planifiée de milliers d’emplois industriels. Le nouvel âge d’or économique promis par les partisans du «Leave» sur la foi d’une souveraineté retrouvée apparaît pour ce qu’il est: une escroquerie, dont le prix fort sera payé par les couches les plus modestes de la population, par cette Angleterre de la «périphérie», sacrifiée depuis des décennies sur l’autel des politiques néolibérales. Nombre d’entre eux avaient pris les bobards des «Brexiters» pour argent comptant.

Mais, à ce jeu, il y en a un qui ne se fera pas avoir: c’est l’homme le plus riche du pays. Jim Ratcliffe a amassé 21 milliards de livres dans la pétrochimie. Adversaire résolu des taxes, le patron du groupe Ineos compte aussi parmi les plus fervents partisans de la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Mais pour l’instant, c’est lui qui va sortir de son pays pour gagner les doux rivages fiscaux de Monaco. Ratcliffe et deux de ses lieutenants vont y transférer 4milliards de livres. Ils suivent ainsi les conseils du député conservateur John Redwood, qui exhorte les riches britanniques à investir à l’étranger face aux incertitudes du Brexit qu’il avait appelé de ses vœux.

Comme un rat, Ratcliffe quitte le navire qu’il a contribué à saborder. Passionné de voile, il trouvera à Monaco de quoi voguer sur une mer calme, loin des flots tempétueux dans lesquels il a précipité ses compatriotes.

Fabien Grasser

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