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Ce n’est pas le bon procès

Le procès du scandale LuxLeaks, qui s’ouvre ce mardi à Luxembourg, après la plainte du cabinet PwC contre deux de ses ex-employés et un journaliste français, sera désastreux en termes d’image pour le Grand-Duché. La pilule ne passe plus auprès de l’opinion publique quand un pays invoque ses lois pour justifier d’immorales fraudes en faveur des plus riches entreprises au monde.

Dans ce procès, l’essentiel ne se résume cependant pas à l’image et l’enjeu dépasse largement le Luxembourg. Cette affaire jette une lumière crue sur l’hypocrisie des politiques. Alors qu’ils encensent publiquement les lanceurs d’alerte, ils favorisent en réalité des intérêts particuliers, à l’encontre de l’intérêt général. Dans le cas des fraudes fiscales, qu’elles soient le fait de multinationales ou de particuliers fortunés, c’est le principe de l’égalité qu’ils sapent. Ils ne peuvent même pas invoquer leur ignorance, car aussi bien dans le cas de LuxLeaks que dans celui des Panama Papers, ils sont informés de longue date de ces pratiques. La preuve en a été donnée en France.

Parfois ils en profitent même, à l’exemple de l’ancien Premier ministre islandais qui a été obligé de démissionner. Nos dirigeants fabriquent de l’injustice en assurant l’impunité des tricheurs et en criminalisant ceux qui les dénoncent. Il est peu dire qu’aujourd’hui l’action politique se résume peu ou prou à creuser les inégalités. Par leurs lois et leurs silences, les dirigeants politiques, si prompts à appeler au sacrifice, privent les budgets publics des deniers nécessaires à assurer à chacun des soins, une éducation et des emplois dignes de ce nom.

Face à cette ineptie toxique pour la démocratie, les citoyens sont fondés à exiger que soit mis fin aux politiques d’austérité, constructions artificielles destinées à accroître des fortunes privées.
Les citoyens sont fondés à exiger que soient poursuivis les fraudeurs et leurs indispensables complices, les PwC, Société générale et Mossack-Fonseca. Les électeurs ne doivent rien aux politiques. Ils leur doivent tout. Ils sont à leur seul service par les mandats qu’ils leur confient. C’est de cela que le marathon judiciaire qui s’ouvre ce mardi à Luxembourg devrait être le procès.

Fabien Grasser

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