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Dérive ou progrès ?

Alors que les Pays-Bas ont légalisé l’euthanasie il y a près de 15 ans, les ministres néerlandais de la Santé et de la Justice ont fait part, dans une lettre adressée à leur Parlement la semaine dernière, de leur volonté d’autoriser l’aide au suicide pour les personnes âgées qui ont le sentiment d’avoir «accompli» leur vie, même si elles ne sont pas malades. «Les personnes qui pensent, après avoir mûrement réfléchi, avoir achevé leur vie, doivent (…) être autorisées à finir leur vie d’une manière qui leur semble digne», écrivent-ils dans cette lettre. Si cette réforme sociétale arrive à son terme, elle ne manquera pas de susciter les plus vifs débats. Les discussions autour de l’euthanasie ou du «droit à mourir» mêlent ainsi des considérations éthiques, médicales, sociales, philosophiques ou encore spirituelles.

Si l’euthanasie pour des malades sujets à de terribles souffrances sans espoir de guérison semble se justifier et peut apparaître comme une mesure de progrès social, ce projet d’assistance au suicide pour des personnes en bonne santé marque une étape supplémentaire et l’on peut légitimement se demander s’il ne s’agit pas là d’une dérive.

Bien sûr, malheureusement, certaines personnes âgées sont terriblement seules, elles ont perdu la plupart de leurs proches et n’ont plus pour horizon que de «voir vieillir la pendule d’argent; qui ronronne au salon, qui dit oui qui dit non, qui dit : je vous attends», comme le chantait Jacques Brel dans Les Vieux. Individuellement, peut-être que ces personnes applaudiraient des deux mains une telle possibilité d’abréger leurs jours.

Mais d’un point de vue collectif, comment ne pas voir dans un tel projet une idéologie inquiétante qui, qu’on le veuille ou non, sous-entend que les personnes âgées seules, qui ne sont plus productives, qui n’ont pas de famille à soutenir d’une quelconque manière, seraient finalement inutiles à la société et qu’il serait tout à fait logique de s’en débarrasser d’une façon ou d’une autre. Et comment ne pas craindre qu’une forme de pression sociale s’exerce sur les autres personnes âgées pour leur faire sentir qu’elles seraient «de trop».

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Quand comprendrez vous que les personnes qui m’aideront à mourir QUAND JE LE LEUR AURAI DEMANDé » ne me « débarrasseront » pas de moi? Au contraire, elles me marqueront une dernière marque de respect et/ou d’affection en respectant ma volonté. Cessez d’imposer votre idéologie aux autres. De quel droit voulez vous imposer votre éthique aux autres?

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