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Écologie : « or » de question !

Avez-vous entendu parler de la montagne d’or en Guyane? Pour les sous-Franç… pardon les Guyanais qui y vivent, c’est l’opportunité du siècle. On y a trouvé de l’or ! Beaucoup d’or. Et l’or, ça vaut de l’or. Enfin, un peu moins ces temps-ci (vivement la prochaine crise financière qui fera remonter son cours), mais encore assez pour que les chercheurs d’or se ruent dans ce lointain département français.
Et on ne parle pas seulement des petits orpailleurs clandestins, qui pullulent, pillent et polluent. Mais aussi de la Compagnie minière Montagne d’or (CMO), un mastodonte russo-canadien qui, lui, voit les choses en grand. Et qui, contrairement aux clandestins, a eu la décence de toquer à la porte de l’Élysée avec un dossier béton : 7 tonnes d’or extraites pendant 12 ans, 750 emplois verts (parce qu’il y aura une forêt autour), 3 milliards d’euros de retombées. Un langage qui a su séduire le président français, Emmanuel Macron, qui défendait déjà le projet lorsqu’il était ministre de l’Économie.
Voilà la version officielle.
La version officieuse est moins séduisante. Les 750 emplois d’abord : ils disparaîtront dans douze ans, une fois que les mineurs auront creusé un trou assez profond pour y enfouir la tour Eiffel. Et avec elle 420 millions d’euros de subventions. Soit 560 000 euros par emploi. Soit à peu près ce que gagnera un smicard durant toute sa vie.
La mine détruira 1 500 hectares de forêts, soit près de 800 Stades de France, sauf que ces forêts sont remplis d’espèces bien plus rares que celles des stades. Elle consommera 140 000 litres d’eau par heure, des gigawatts d’électricité et des hectolitres de fioul. Quant au cyanure nécessaire à l’extraction de l’or, il bullera dans des bassins à ciel ouvert. En espérant qu’il ne pleuvra pas trop, les torrents de boues toxiques ayant déjà prouvé leur potentiel ravageur.
Heureusement, les sirènes d’alarme commencent à couvrir le bruit des tractopelles, jusqu’à forcer CMO à revoir (un peu) sa copie. Mais à moins que des millions de gilets jaunes (d’or) se mobilisent, il ne reste qu’à espérer un retournement de veste du «champion de la Terre» qui a clamé «Make our planet great again». Oui, Emmanuel Macron.

Romain Van Dyck

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