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Erdogan rit jaune

La satire reste un exercice de style particulier. Depuis les attentats contre Charlie Hebdo, le débat sur les limites de la satire refait régulièrement surface. La Une de l’édition du journal satirique français consacrée aux attentats de Bruxelles mettant notamment en scène des membres arrachés est le dernier exemple en date qui fait polémique.

charlie

Chacun peut avoir son opinion sur le choix des dessinateurs de Charlie. Mais ce choix fait partie intégrante de la liberté d’expression, vecteur essentiel de notre société. Soit on aime, soit on n’aime pas, le plus important reste de garder de la hauteur.

Ce principe de la satire, le président turc ne semble pas l’avoir compris. Recep Tayyip Erdogan, vient en effet de provoquer un éclat diplomatique avec Berlin à la suite de la diffusion par une chaîne allemande d’une chanson satirique à son égard. Le président turc a fait convoquer l’ambassadeur allemand à Ankara pour demander l’arrêt de la diffusion de la chanson préparée par la rédaction du magazine satirique Extra 3. Le texte de la chanson dénonce notamment les atteintes à la liberté de la presse reprochées au président turc. L’attitude qu’il adopte dans cette affaire ne fait que confirmer sa relation très tendue avec les médias. Cette fois, il s’est cependant tiré une balle dans le pied. Si dans un premier temps, la chanson n’avait fait rire que les intimes de cette émission allemande, elle crée désormais un énorme buzz.

Mercredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné avoir peu «apprécié» la réaction exagérée du président turc. Cette sortie honore le Luxembourgeois, mais la réaction plutôt réservée du gouvernement allemand est une illustration bien plus pertinente du dilemme qui anime l’Europe dans ses relations actuelles avec la Turquie. Incapable de s’unir pour résoudre la crise des réfugiés, l’UE a préféré repousser le problème en dehors de ses frontières. Rien ne dit aujourd’hui, que le nouveau mécanisme pour accueillir les réfugiés va fonctionner. En attendant, la marge de manœuvre pour remettre Erdogan à sa place est limitée.

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)

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