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Esclave dans l’enfer libyen

Les images sont terribles. La chaîne d’information en continu américaine CNN a diffusé mardi soir un document en provenance de Libye. Les images sont floues, tremblent. Elles sont prises par un téléphone portable. La vidéo dévoile les visages de migrants originaires apparemment du Nigeria selon la chaîne.

Une voix se fait entendre : «800, 900, 1 000, 1 100, 1 200… Vendu !» La caméra de ce téléphone portable vient de capter une mise aux enchères de migrants effectuée par des Libyens non identifiés. Les deux Nigérians ont été achetés pour un peu moins de 800 euros. Ils effectueront des travaux dans les champs de leur nouveau propriétaire. Le commissaire-priseur passe ensuite à la prochaine vente d’esclaves et harangue les potentiels acheteurs en demandant si l’un d’eux a besoin d’une personne pour creuser fossés ou puits. L’accroche marche, la vente se poursuit.

Il semble que cette vente se soit déroulée à proximité de la capitale, Tripoli. Selon les données de CNN, une douzaine de jeunes migrants désirant rejoindre l’Europe sont tombés entre les mains de ces marchands d’esclaves et ont été vendus. La chaîne américaine a remis ces documents aux autorités libyennes. Elles ont promis d’ouvrir une enquête… pas sûr qu’elle aille au bout et que les trafiquants d’êtres humains soient débusqués !

Ces groupes criminels opèrent presque impunément le long de la côte et ont donc désormais trouvé un autre moyen pour faire de l’argent. La route de la Méditerranée se referme peu à peu sous l’impulsion des pays européens qui ont multiplié les accords avec le pouvoir libyen. Certains réfugiés qui ont traversé la moitié du continent africain se retrouvent donc prisonniers. Quand ils ne sont pas vendus comme esclaves, les réfugiés pris en mer par les gardes-côtes libyens sont entassés dans des centres de détention par les autorités. Femmes et enfants compris. Ils seraient 20 000 aujourd’hui contre 7 000 en septembre. Les conditions de vie sont insoutenables. Seul le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme s’est élevé contre cette situation. Une voix qui semble bien seule.

Laurent Duraisin

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