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Ils étaient tous Charlie

L’affaire n’a pas traîné 24 heures : jeudi, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, adressait une demande d’asile politique au président français; dès vendredi, l’Élysée lui signifiait une fin de non-recevoir sous de fallacieux motifs juridiques.

Pas vraiment une surprise et sans doute le fondateur de WikiLeaks n’y croyait-il pas vraiment. Mais il s’est senti fondé d’adresser cette demande à la France après les récentes révélations par WikiLeaks sur la manière dont la NSA, l’agence de sécurité nationale américaine, a placé sur écoute trois présidents français et procédé à une vaste opération d’espionnage économique visant le fleuron des entreprises hexagonales.

Ces informations proviennent d’Edward Snowden, l’ancien employé de la NSA qui a levé le voile sur la façon dont son pays espionne des centaines de millions de citoyens à travers le monde mais aussi des chefs d’État et des entreprises, soient-ils leurs plus proches alliés des États-Unis, à l’exemple de la France.

Depuis trois ans, Assange est réfugié dans la (petite) ambassade d’Équateur à Londres, pays qui lui a accordé l’asile politique alors qu’il craint d’être extradé vers les États-Unis dont il a révélé les coulisses diplomatiques et les coups tordus de son armée en Irak. Rafael Correa, le président équatorien, vient de rappeler que le journaliste était toujours le bienvenu dans son pays, pour peu que le Royaume-Uni lui accorde un laissez-passer. Mais Londres ne l’entend pas ainsi.

La France, pour sa part, a mollement protesté auprès de Washington pour son comportement hostile mais elle menace Assange – le messager – d’extradition s’il pose les pieds sur son sol. Cela révèle toute l’hypocrisie des beaux discours sur la liberté d’informer que tiennent François Hollande et ses homologues européens.

Le 11 janvier dernier, ils défilaient dans les rues aux côtés de millions d’Européens pour défendre la liberté d’expression après l’attaque contre Charlie Hebdo. Et ils étaient en bonne place sur la photo. C’était l’information comme ils l’aiment. Pour ce qui est d’Assange, ces puissants semblent soudainement frappés d’amnésie, oubliant qu’un jour ils se prétendaient Charlie.

Fabien Grasser (fgrasser@lequotidien.lu)

Un commentaire

  1. Est-ce vraiment une surprise?…

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