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Le couteau sous la gorge

L’union fait la force. Du moins en principe. La récente actualité internationale vient en effet contrarier ce principe. Non, il n’est pas évident de réunir les 27 (ou 28) pays de l’UE autour d’une seule et même position. Et pourtant, c’est possible. Réunir les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dont les cinq membres permanents possédant un droit de veto, n’est pas évident non plus. Et pourtant, c’est possible. Et n’évoquons même pas la nécessité de réunir la communauté internationale autour d’une même position pour lutter contre le réchauffement climatique. Et pourtant, 195 États ont signé en 2015 l’accord de Paris.

Un des problèmes majeurs est que les tractations parfois pénibles pour développer une position commune rendent vulnérables ces institutions internationales. La semaine dernière, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté, certes à l’unanimité, une déclaration dans laquelle il s’inquiète «du risque de dispersion» des jihadistes retenus prisonniers en Syrie. Le poids de la Russie, alliée de la Syrie, au Conseil de sécurité fait cependant que l’ONU n’a pas encore condamné l’offensive militaire turque contre les Kurdes. Les États-Unis de Donald Trump, qui ont décidé de lâcher les Kurdes, portent eux aussi leur part de responsabilité dans cette escalade militaire, momentanément stoppée par une trêve.

L’Europe se montre aussi incapable d’envoyer un signal fort à Recep Tayyip Erdogan. Le président turc joue avec succès la carte des migrants que son pays héberge pour le compte d’une UE qui préfère financer un régime douteux au lieu de faire preuve de solidarité.

Aujourd’hui, les deux institutions se retrouvent avec le couteau sous la gorge. Le chaos déclenché par la Turquie a déjà permis à plusieurs centaines de combattants de l’EI de s’échapper des camps et prisons kurdes. Il s’agit d’une preuve supplémentaire que l’attentisme, combiné à une incapacité d’exercer une réelle pression sur le plan international, met en danger l’essence même de l’UE ou de l’ONU : assurer un équilibre géopolitique stable.

David Marques

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