Accueil | Editoriaux | Le pis-aller de l’Europe

Le pis-aller de l’Europe

Ainsi va la politique européenne, changeante et illisible, confuse et excessive. Au début de la crise des migrants, l’opération portes ouvertes avait été lancée, avec force déclarations. Cette conviction inébranlable que l’Europe avait un devoir d’accueil pour les victimes des conflits du monde.

L’Europe promettait alors un accueil adapté à ces peuples en souffrance, qui n’avaient d’autre choix que de quitter leurs pays détruits par les guerres. La Commission y allait même de sa géniale idée de quotas, pour répartir équitablement cette population nouvelle. C’était beau, presque utopique, mais forcément nécessaire.

Et puis les choses commencèrent à se gâter, la belle solidarité européenne, à se fissurer. De l’Est est venu un vent de panique, des éructations politiques sans cesse plus bruyantes, des grillages à n’en plus finir, devant l’afflux ininterrompu des migrants. En France, à Calais, on y est même allé à coups de pelleteuses, pour nettoyer une «jungle» bien nommée, théâtre à ciel ouvert de la misère humaine. Enfin, la nuit dernière est entré en vigueur un accord incompréhensible, un cautère sur une jambe de bois.

L’accord entre l’Union européenne et la Turquie n’est qu’un pis-aller. Il ferme la voie égéenne aux migrants, qui en trouveront d’autres, plus risquées pour eux, plus lucratives pour les passeurs. Il coûtera aux contribuables européens 280 millions d’euros, qui auraient sans aucun doute pu servir à d’autres fins.

Mais face à cette situation devenue incontrôlable, l’Union européenne ne fait que composer dans l’urgence, comme à son habitude. Sans plan sur le long terme, sans effort pour prouver à ces migrants qu’ils peuvent aussi avoir un avenir chez eux, l’Europe affiche sans aucune gêne l’étendue de ses limites aux yeux du monde.

Les migrants sont maintenant repoussés vers la Turquie, comme si cela allait changer quelque chose à leur volonté de passer, coûte que coûte, vers cet horizon meilleur que l’Europe leur a fait miroiter. C’était il y a un an à peine.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.