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Le référendum des lâches

Le référendum est-il la bonne solution à toutes les questions compliquées ? Aujourd’hui, les partisans du maintien du Royaume-Uni en doutent. À Londres comme à Notre-Dame-des-Landes, on a surtout l’impression qu’il est devenu l’arme de politiques incapables de prendre leurs responsabilités. Sous prétexte de donner la parole au peuple, le référendum est surtout devenu une expression parmi d’autres de la grande lâcheté des élus. Après tout, dans nos démocraties représentatives, ceux-ci ont déjà obtenu le mandat des électeurs : ils ont été choisis pour prendre ces décisions, si difficile le choix soit-il.

On le sait bien, lors d’un référendum, une grande partie des électeurs ne glisse pas dans l’urne une réponse à la question posée, mais sanctionne plutôt l’homme ou le parti qui l’a posée. Dès lors, ce vote n’a plus de raison d’être, car il a perdu son essence. On l’a vu en Grande-Bretagne, la campagne a plongé le pays dans le plus sombre des populismes. Un gouffre intellectuel duquel aucun leader n’a pu sortir. Que le camp du «in» soit aujourd’hui en crise est la moindre des choses. Et il serait bien imprudent pour les europhiles de l’Union des 27 de croire que le «leave» n’est qu’une affaire britannique. Si le même référendum était réalisé demain en France, aux Pays-Bas, en Suède ou au Danemark, qui sait si le résultat serait foncièrement différent ?

En posant cette question, l’eurosceptique repenti (?) David Cameron s’est offert un terrible héritage. Un ami serbe qui a fait ses études en Grande-Bretagne me disait qu’il craignait désormais «une balkanisation du Royaume-Uni». Une remarque intéressante de la part de quelqu’un qui a dû quitter son pays pour échapper au conflit que l’on connaît.

Désormais, il faut jardiner. Plutôt que de voir le départ des Britanniques comme l’effet de la foudre sur un arbre, autant essayer de transformer ce rétrécissement comme une taille bienvenue qui permettra à l’Europe d’offrir à ses citoyens des fruits plus mûrs et plus juteux à l’avenir. Mais les réactions post-traumatiques des pseudo-élites ne sont pas là pour nous rassurer…

Erwan Nonet (enonet@lequotidien.lu)

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