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Le veto qui fait tache

Alors que le Luxembourg profite d’un été indien, le monde est bien plus sombre à quelque 3 000 km du Grand-Duché, qui se passionne actuellement pour un débat sur la langue nationale, pourtant bien risible en comparaison avec la lourde actualité internationale.

Il faut en effet avoir à l’esprit que la guerre en Syrie se transforme en véritable barbarie. Tiraillé entre les troupes du président Bachar al-Assad, longtemps encensé par l’Occident en raison de ses réserves de pétrole, les rebelles et les jihadistes de l’État islamique, le pays est à l’agonie. Le conflit a fait plus de 300 000 morts depuis 2011. Selon les dernières estimations, 600 000 personnes vivent assiégées à travers le pays, dont 250 000 à Alep. Il s’agit tout simplement de la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, en Occident, tout cela est enregistré avec une certaine indifférence. Et la solidarité avec les réfugiés syriens fait également trop souvent défaut.

La récente trêve durement négociée par les États-Unis et la Russie a rapidement volé en éclats. Ni Moscou, qui continue à soutenir le président syrien, ni Bachar al-Assad ne semblent avoir réellement envie de mettre fin au bain de sang. Leurs propres intérêts ont clairement pris le dessus sur l’aspect humanitaire.

Qualifier les agissements en Syrie de «crimes de guerre» et d’«escalade militaire épouvantable», comme l’a fait le secrétaire général sortant de l’ONU, Ban Ki-moon, est certes louable. Le grand problème reste néanmoins que les Nations unies et son Conseil de sécurité ne réussissent plus, depuis belle lurette déjà, à faire suivre leurs mots d’actes forts. La réunion d’urgence convoquée dimanche à New York n’a même pas accouché d’une souris, en raison du veto de la Russie.

Ce refus fait tache et plus que jamais l’ONU doit se poser la question de savoir si ce droit de veto, assez archaïque, est encore un mécanisme adapté pour répondre aux crises humanitaires internationales, de plus en plus marquées par des enjeux géostratégiques qui ne tiennent pas compte du sort réservé aux milliers de gens périssant chaque jour sur notre si «paisible» Terre. À méditer…

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)

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