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Pendant ce temps

Elle s’appelle Kim Davis et son nom est aujourd’hui connu de tous les Américains. Pour les uns, c’est une sainte sacrifiée, pour les autres, une extrémiste égarée.

Kim Davis, greffière du comté de Rowan, dans le Kentucky, a refusé d’établir des certificats de mariage à des couples homosexuels, alors que cette union est autorisée aux États-Unis. Chrétienne évangélique, elle a répondu à deux hommes qui souhaitaient se marier qu’elle ne distribuait pas le document, «au nom de l’autorité de Dieu».

Sauf que les textes de loi américains ne sont pas des versets bibliques. La greffière Kim Davis a été condamnée à un an de prison et est devenue l’icône d’une Amérique conservatrice qui a très mal digéré la légalisation du mariage des homosexuels par la Cour suprême.

La résistance vaine et vaniteuse de cette femme de 49 ans n’aura pas été d’une grande utilité. Pas plus tard que vendredi, les premières unions homosexuelles étaient validées par le bureau d’état civil où elle exerçait. Le juge qui l’a envoyée en prison avait également ordonné à ses collègues, par précaution ou clairvoyance, de se plier à la loi, ce qu’ils ont fait sans rechigner devant son inflexible représentant.

En 1955, une jeune femme noire, Rosa Parks, avait refusé de s’asseoir sur les banquettes réservées aux personnes de couleur dans un bus de Montgomery, en Alabama. Par ce geste simple, elle avait changé l’histoire de son pays. Car elle combattait alors une injustice intolérable, sans autre arrière-pensée que celle de l’égalité.

Soixante ans plus tard, Kim Davis a tenté de faire le chemin inverse, pour stigmatiser une minorité. Elle n’avait pas à se prévaloir de travailler sous l’autorité de Dieu. Car, comme tous ceux qui affirment connaître la vérité divine, elle pose les bases de l’extrémisme le plus bas.

Et puis, avant de faire la leçon, il faut savoir être irréprochable. Kim Davis a divorcé deux fois, s’est mariée à trois reprises et a eu des enfants hors mariage. Mais ça, c’était avant sa rencontre avec Dieu.

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)

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