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Tabac : mettons le paquet

On ne va pas mégoter, fumeur rime avec pollueur. Non-fumeur aussi, certes. Mais les fumeurs ont un truc en plus. Une sorte de «laisser-jeter» magique. Quand un badaud égare son sandwich par terre, ou qu’un enrhumé sème ses mouchoirs, il se fait sermonner. Pas le fumeur. Le jeté de mégot loin des cendriers reste un geste banal, admis, cool.

Pourtant, c’est sanctionnable. Si si. Il existe une amende de 49 euros pour «abandon de déchets ménagers non dangereux sur la voie publique». Mais si vous connaissez quelqu’un qui a déjà été verbalisé, prière de nous transmettre ses coordonnées… De toute façon, ces 49 euros ne pèsent guère lourd au Luxembourg, et sont bien moins dissuasifs qu’en France (68 euros) ou en Wallonie (100 euros).

Mardi avait lieu la Journée mondiale sans tabac. Alors que le Luxembourg s’y associait, il y a lieu de rappeler une certaine schizophrénie dans sa lutte contre le tabagisme. Car pendant que le ministère de la Santé multiplie les plans et les actions de sensibilisation, au point que le tabac connaisse enfin un déclin, le fisc, lui, reste sur une politique bien moins engagée.

Il a beau s’évertuer à clamer que le prix du tabac a augmenté ces dernières années, le fait est qu’un paquet de clopes est toujours moins cher que chez nos voisins. Imaginez si son prix était proportionnel au pouvoir d’achat des Luxembourgeois ! Si l’État veut frapper un grand coup contre cette drogue légale, taper au portefeuille apparaît pourtant comme la solution la plus efficace. En témoigne l’exemple australien, pays sévèrement antitabac, où le prix du paquet est déjà de 17 euros environ et devrait encore grimper de 10 euros d’ici 2020.

Acharnement liberticide, hygiénisme à outrance, répondront certains. Oui, se noircir les poumons relève en effet de la liberté de chacun. Mais elle s’arrête là où elle enfume celle des autres. Le tabagisme passif, la facture salée des malades pour nos caisses de santé, ou encore une étude de la ville de Dudelange qui a montré que 30% des déchets jetés à terre sont des mégots, dont un seul peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, rappellent, avec beaucoup d’autres exemples, que le tabac reste le problème de tous.

Romain Van Dyck (rvandyck@lequotidien.lu)

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