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Une question de valeur

La très respectable BBC a fait l’objet d’un récent scandale. Priée de rendre publics les salaires de tous ses employés, elle a obtempéré et il a bien fallu se rendre à l’évidence : les stars masculines étaient bien mieux payées que leurs homologues féminines, que ce soit à l’écran ou sur les ondes radio. Shocking! Pour une entreprise publique qui doit normalement respecter l’égalité salariale, on était loin du compte. Et c’est d’ailleurs pour cela que les dirigeants avaient traîné des pieds pour rendre ces informations publiques.

Au-delà du scandale suscité, on peut se poser alors plusieurs questions. Est-ce que les hommes ont simplement mieux mené leur barque et négocié leur salaire plus intelligemment? Est-ce que leurs émissions font plus d’audimat que celles présentées par les femmes? Évidemment il est difficile d’accéder à l’égalité parfaite, personne n’a jamais revendiqué cela. Mais force est de constater que même dans une entreprise publique, censée suivre la loi et donc ne pas discriminer ses employés selon leur genre, les perdants sont toujours les mêmes. Ce n’est pas forcément parce que les hommes sont payés «automatiquement» plus que les femmes, c’est parce que faute de savoir, ces dernières pensaient avoir un salaire qui leur suffisait ou équivalent à celui de leur collègue masculin. Certaines actrices, comme Robin Wright dans la série House of Cards, demandent désormais à être payées autant que l’acteur avec qui elles partagent l’affiche. Jusque-là l’omerta permettait également que les différences de salaire soient énormes, sans qu’il y ait de raisons valables.

Ce désormais excès de transparence va permettre aux femmes de prendre conscience de leur valeur et du manque à gagner dont elles ont été victimes. Non pas que l’argent manque chez les stars du petit écran, mais c’est une question de principe. Et une fois que les femmes auront pris conscience qu’elles valent autant que les hommes, alors elles n’auront plus peur de négocier pour avoir ce qu’elles méritent. Les producteurs et autres employeurs ne devraient pas aimer, mais ce n’est qu’un juste retour des choses.

Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)

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