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Algérie : vote d’une loi criminalisant la violence contre les femmes


Les députés algériens ont adopté jeudi un projet de loi criminalisant les violences contre les femmes, jugé par les islamistes contraire aux valeurs de l’islam.

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Entre 100 et 200 femmes meurent chaque année de violences familiales selon des statistiques parues dans la presse. (Photos : illustration AFP)

Le texte dispose que quiconque porte volontairement des coups à son conjoint, et en fonction des blessures, risque de 1 à 20 ans de prison avec la réclusion à perpétuité en cas de décès. Un autre article stipule une peine de six mois à deux ans de prison contre « quiconque exerce sur son épouse des contraintes afin de disposer de ses biens ou de ses ressources financières ». Sur les 462 députés, 284 étaient présents et 59 ont remis des procurations pour le vote de ce texte modifiant et complétant le code pénal.

Les islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte ont boycotté la séance jugeant ce texte contraire aux valeurs de l’islam. Ceux du parti El Adala ont exprimé leur refus de ce texte estimant notamment que criminaliser le harcèlement dans les lieux publics aurait dû s’accompagner par des lois mettant fin « au non port du voile et à la nudité des femmes dans les lieux publics, cause principale des harcèlements » selon eux.

El Adala dénonce une loi « pour se venger de l’époux et de l’homme en général » qui cherche à « disloquer la famille ». Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a expliqué que la loi fait partie de la stratégie de lutte contre la violence et contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. « C’est un grand jour », a déclaré une députée du Front de libération nationale (FLN au pouvoir).

Nadia Chouiter du parti des travailleurs (PT), qui a préféré s’abstenir lors du vote, a estimé qu’il s’agit « d’un pas positif et progressiste mais contradictoire ». Pour elle, « la mesure du pardon ouvre la voie à l’impunité et à la culpabilisation de la femme qui refuse d’en faire usage ». Dans le texte, le pardon de l’épouse met fin à toute poursuite judiciaire dans les cas les moins graves, mais sont maintenues, bien qu’allégées, dans les plus graves.

Amnesty International estime que cette loi est « un pas un avant » mais est « alarmée » par « l’arrêt des poursuites judiciaires en cas de pardon de la victime ». Fin 2014, les services de la police ont démontré que les problèmes familiaux venaient en tête de liste des actes de violence contre les femmes. Entre 100 et 200 femmes meurent chaque année de violences familiales selon des statistiques parues dans la presse.

AFP

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