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Accident à la maison de soins : «à 3 pour surveiller 101 résidents»


Le 9 décembre 2011 en pleine nuit, un octogénaire atteint de Parkinson avait quitté sa chambre dans une maison de soins à Schifflange. Le personnel soignant l'avait retrouvé par terre à l'extérieur sous la pluie, 45 minutes plus tard. Après avoir été opéré, il était décédé trois semaines plus tard. (photo capture Google Street View)

La parole était aux soignantes au deuxième jour du procès de l’accident tragique dans une maison de soins à Schifflange.

L’accident a eu le mérite d’améliorer nos conditions de travail et la sécurité des résidents .» Voilà comment l’une des prévenues a résumé la situation au deuxième jour de ce procès, jeudi après-midi à la barre. «À l’époque, je n’allais plus travailler avec confiance. Je me sentais dépassée par toutes ces déambulations des résidents. »

Avec deux collègues, l’aide-soignante comparaît aujourd’hui sur le banc des prévenus pour homicide involontaire pour ne pas avoir surveillé de façon efficace la victime afin de l’empêcher de sortir. La nuit du tragique accident, elles étaient de garde pour les 101 résidents de la maison de soins à Schifflange.

L’enquête a révélé qu’à 5h01, l’octogénaire avait quitté l’établissement. Entre 5h03 et 5h09, il avait actionné neuf fois la sonnette à l’extérieur. Un message s’était affiché sur les pagers du personnel soignant.

« On n’était pas en connaissance de cette sonnette extérieure. On l’a appris le lendemain de l’accident par notre directrice », a indiqué l’infirmière, qui a toujours travaillé de nuit dans cet établissement. Même refrain du côté de ses deux collègues aides-soignantes. Ce qui explique que, dans un premier temps, elles avaient cherché partout, sauf à l’extérieur.

Messages erronés et éclairage insuffisant

Toujours selon les prévenues, toutes les semaines, des messages erronés s’affichaient sur leurs pagers, avec par exemple des chambres qui n’existaient pas. « La nuit, personne n’était jamais sorti », ont-elles ajouté. L’octogénaire avait finalement été retrouvé à 5 h 45 sur un chemin à l’extérieur de la maison de soins. D’après les prévenues à l’époque, l’éclairage y était très sommaire. « Je voyais juste sa tête », a ainsi illustré l’infirmière qui avait découvert la victime au sol.

Depuis l’accident, un certain nombre d’améliorations ont été entreprises au sein de la maison de soins. Ainsi, l’éclairage extérieur n’est plus déclenché par un détecteur de mouvement, mais est permanent. Autre innovation : des unités fermées pour les patients à risque ont été créées. Un membre du personnel est obligé d’y rester constamment.

M e Entringer, l’avocat des parties civiles représentant les deux enfants et deux petits-enfants de la victime, réclame aujourd’hui 215 000 euros de dommages et intérêts. Il estime que des fautes ont été commises par le personnel et la direction (qui ne se trouve pas sur le banc des prévenus). « Ce ne sont pas seulement des problèmes techniques qui sont à l’origine de la mort », a-t-il martelé.

Du côté de la défense, ce n’est pas le même son de cloche. « Elles étaient à trois pour surveiller 101 résidents cette nuit-là », a rappelé M e Max Mailliet au début de sa plaidoirie. L’avocat de l’infirmière a noté que le médecin légiste a qualifié le décès de conséquence indirecte de la chute. « Il n’y a donc aucune relation causale entre la chute et le décès », a conclu M e Mailliet, qui estime qu’il n’y a pas de défaut de précaution, ni de défaut de négligence de la part de sa cliente.

Les plaidoiries se poursuivront lundi matin à 9 h avant le réquisitoire du parquet.

Fabienne Armborst

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