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Accident de train à Dudelange : un système de sécurité défaillant ?


Cette vue aérienne témoigne bien de l'impact global du choc entre le train de marchandises et le train de voyageurs, entrés en collision à hauteur de l'usine Husky dans la zone industrielle Riedgen à Dudelange. (photo JC Ernst)

Même s’il est confirmé que le machiniste des CFL a franchi un signal d’arrêt, des questions se posent sur le dispositif mis en place pour éviter des collisions de trains, au lendemain de l’accident survenu à Dudelange.

« Je tiens à mettre en garde contre l’envie de faire des suppositions. Pour l’instant, nos pensées doivent aller vers les victimes. » Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch, a tenté d’étouffer les spéculations sur les raisons qui ont provoqué le grave accident ferroviaire entre Bettembourg et Zoufftgen, le deuxième en dix ans. Cela n’empêche pas que de nombreuses questions sur les systèmes de sécurité mis en place sur le réseau ferroviaire existent, surtout après les éléments d’explication donnés hier lors de la conférence de presse officielle du gouvernement.

« Aucun signal d’alarme n’a été donné depuis la cabine », a souligné le ministre. Le poste directeur de Bettembourg, qui avait la supervision du tronçon, n’a apparemment rien vu venir. « L’accompagnatrice du train voyageurs a fait un premier rapport vers 8 h 45 », a précisé François Bausch, tout en ajoutant que c’est bien le Centre d’intervention national de la police (RIFO) qui a mis au courant le poste directeur de l’accident. « Dans la foulée, l’alerte a été déclenchée et tout le dispositif de sécurité prévu en cas d’accident ferroviaire a été mis en place », poursuit le ministre.

Ce déroulement des faits a de quoi interpeller, surtout si l’on se remémore la malheureuse succession d’erreurs qui a provoqué l’accident ferroviaire de Zoufftgen le 11 octobre 2006. Les enseignements du passé n’ont-ils pas été tirés? L’enquête, qui a été ouverte dès hier matin par l’administration des Enquêtes techniques ainsi que par la police judiciaire, devra livrer les réponses.

L’ETCS installé, mais pas encore homologué

Un premier élément décisif de cette enquête a été communiqué une bonne heure après la conférence de presse du gouvernement. Les CFL ont en effet annoncé par voie de communiqué que «les enregistrements du système de gestion du trafic montrent que le train voyageurs (…) à destination de Thionville (…) a franchi un signal d’arrêt». L’enquête devra encore dire pourquoi le machiniste luxembourgeois, décédé dans la collision, a franchi ce signal.

L’autre question majeure concernera le dispositif de sécurité mis en place pour éviter ce genre de collision de train. Également présents hier à la conférence de presse, les responsables des CFL ont tenu à apporter des éléments de réponse. Depuis octobre dernier, le tronçon ferroviaire qui relie Bettembourg à Thionville est équipé du système européen de contrôle des trains (ETCS). Ce dernier vise à harmoniser les dispositifs de sécurité sur les réseaux ferroviaires.

Pleinement automatisé, l’ETCS doit notamment éviter des collisions en procédant à distance au freinage des trains qui se trouveraient sur une même voie. « Le dispositif est installé aussi bien du côté luxembourgeois que français. Nos véhicules sont également équipés. Sur le tronçon vers Thionville, il n’est cependant pas encore utilisé, car la procédure d’homologation côté français n’est pas encore terminée. Cela doit se faire dans le courant de cette année », a expliqué mardi Marc Hoffmann, directeur des Activités voyageurs auprès des CFL.

En attendant, le système de contrôle de vitesse «Memor+» est toujours en vigueur sur le réseau ferroviaire entre le Luxembourg et la France. Ce dispositif prévoit également des freinages d’urgence. Le plus interpellant reste donc que, jusqu’à preuve du contraire, aucun signal d’alerte n’a été donné.

« Chaque train arrivant depuis la France est annoncé au poste directeur de Bettembourg. Il s’affiche à l’écran de contrôle », précise Henri Werdel, le directeur Gestion infrastructure aux CFL.

Question parlementaire urgente

Malgré toutes ces explications, le malaise était bien présent mardi. Le député Fernand Kartheiser n’a pas tardé à interpeller le ministre François Bausch sur les raisons qui ont retardé la mise en application du système ETCS sur le réseau ferroviaire entre la France et le Luxembourg. Le caractère urgent de la question a été reconnu par la Chambre des députés.

David Marques

Chronologie de l’accident

8 h 27

Le train TER 88807 part en gare de Luxembourg pour rejoindre Thionville. L’arrivée est prévue à 8 h 55.

8 h 40

Le TER entre en collision frontale avec un train de marchandises arrivant depuis la France à hauteur de l’usine Husky, située près de la croix d’autoroute Dudelange-Centre.

8 h 45

L’accompagnatrice du train,
légèrement blessée, établit un premier contact avec le poste directeur de Bettembourg.

8 h 55

Une alerte générale est déclenchée auprès du 112, la centrale des services de secours.

9 h 06

Les premiers secours arrivent sur place.

9 h 21

La cellule de crise des CFL se
réunit.

9 h 30

Le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, arrive au 112.

10 h

La cellule de crise regroupant tous les acteurs impliqués se réunit en plénière.

12 h

La police annonce qu’un corps sans vie a été retrouvé. Les opérations de secours se poursuivent.

12 h 35

Le gouvernement confirme que le machiniste du train des CFL est décédé. Le bilan provisoire s’établit à un mort, un blessé grave et un blessé léger.

14 h 41

Les CFL annoncent que leur train «a franchi un signal d’arrêt». L’enquête poursuit son cours.

Un commentaire

  1. Seilhelena@gmail.lu

    je pense que la photo et le nom du conducteur ne devrait pas être divulguer le respecte devrait être respecte en vers la famille

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