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Attouchements présumés sur une patiente : à moitié nue pour un mal de gorge

Un généraliste de l’est du pays était convoqué mardi devant le tribunal correctionnel pour attentat à la pudeur sur une patiente fin 2017. Le prévenu a 70 ans.

« Je conteste les reproches. Je ne vois pas pourquoi je suis au tribunal aujourd’hui. Je n’ai fait qu’une consultation normale », clamait le docteur mardi matin à la barre. Mais, pour la patiente, cette consultation, le 20 décembre 2017, était tout sauf normale. Pour un simple mal de gorge, elle s’est retrouvée à moitié dénudée dans le cabinet médical.

C’est la première fois que la jeune femme, âgée à l’époque de 21 ans, se rendait chez ce médecin généraliste de l’est du pays. Son médecin traitant étant en vacances, elle avait cherché un autre praticien. Sur Google, elle avait trouvé le numéro de téléphone du prévenu. «J’avais rendez-vous à 11h45. La salle d’attente était vide», se souvient-elle. La jeune patiente ne cache pas s’être sentie mal à l’aise dès le début de l’examen médical. «Dans son cabinet, il a commencé par me demander si j’étais célibataire. Je trouvais cela bizarre…» Et pour prendre son poids, il lui aurait demandé de se déshabiller. «J’ai gardé un t-shirt et ma culotte. Quand je suis montée sur la balance, il est venu près de moi. Il a mis ses trois doigts sur mes fesses. Je l’ai repoussé.» Toujours d’après le témoignage de la patiente, il y a eu un dernier geste déplacé lors de la prise de sa tension : «Lorsque j’étais assise sur la table d’examen, il a frotté ses parties génitales pendant quelques secondes contre mon genou gauche. J’avais peur.»

Et la pharyngite dans tout cela ? «Il a vite fait regardé dans ma gorge», précise la patiente. «Je ne veux plus jamais revoir ce médecin.» Voilà le dernier mot de la jeune femme face au tribunal.

«Je confirme que je n’ai fait aucun geste déplacé, si ce n’est que j’ai fait avancer la patiente sur la balance. Mais cela n’a pas duré», s’est défendu le prévenu après avoir entendu le récit de la plaignante. Il conteste fermement avoir commis un quelconque attentat à la pudeur sur la jeune femme et s’est dit stupéfait de devoir se justifier pour cette consultation. Le fait de prendre le poids, la taille, la tension serait sa pratique habituelle pour chaque nouveau patient, dit-il.

Amende requise à cause de son âge

Visiblement ce n’est pas la première fois que le septuagénaire se retrouve avec une plainte sur le dos. En recueillant celle de la jeune femme fin 2017, la police avait constaté que le médecin a déjà fait l’objet de plusieurs accusations il y a quelques années. «Est-ce que vous avez déjà été sexuellement attiré par des patientes ?», l’avait interrogé la police lors de son audition le 8 janvier 2018. Sa réponse : «Oui. Depuis les plaintes je ne fais plus de gestes déplacés.» Le président n’a pas manqué de lui rappeler mardi que «c’est en tant que médecin traitant» qu’on lui avait posé cette question.

La défense a plaidé l’acquittement. Le doute devrait profiter à l’accusé. «Les contacts décrits par la patiente peuvent matériellement constituer des faits d’attouchements. Mais il y a une autre question à trancher : est-ce que ces contacts ont été intentionnels ou accidentels ? Le dossier manque de preuves pour écarter une possibilité ou l’autre», estime Me Frédéric Mioli. Il poursuit : «Comme la patiente se sentait mal à l’aise, elle a pu voir une intention alors qu’il n’y en avait pas.»

Pour le parquet, il n’y a pas de doute sur l’attentat à la pudeur. Le premier substitut constate : «Monsieur a du mal à se contenir face aux jeunes patientes. Il est temps qu’il soit à la retraite.» Les accusations remontant aux années 2008 et 2009 n’ont pas donné lieu à des poursuites judiciaires (le texte de loi a été modifié en 2011). Le parquet relève toutefois que le médecin a reçu à l’époque un rappel à l’ordre de la part du Collège médical. Vu son âge et son casier judiciaire vierge, le parquet demande une amende conséquente. La 12e chambre correctionnelle rendra son jugement le 12 juillet.

Fabienne Armborst

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