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Erreur médicale : la sœur d’une victime déplore la lenteur de la justice


Le médecin était poursuivi pour homicide involontaire alors qu'un soir de garde, à l'hôpital de Niederkorn, son mauvais diagnostic aurait entraîné le décès d'une jeune femme de 28 ans.

Le 29 février 2004, sa sœur Sylvie décédait à l’hôpital Marie-Astrid de Niederkorn, à la suite d’une erreur de diagnostic. Douze ans après, cette habitante de Pétange attend toujours le jugement de cette affaire.

L’affaire devait enfin passer devant la 13e chambre correctionnelle de Luxembourg du 8 au 11 décembre dernier.  Mais le procès, dans lequel un médecin gastroentérologue doit comparaître pour homicide involontaire, avait été une nouvelle fois reporté en raison de l’absence d’un des témoins, le radiologue, pour raisons de santé. Depuis, aucune nouvelle date d’audience n’a été fixée et la famille perd patience, douze ans après le décès de Sylvie.

Cette jeune femme est décédée le 29 février 2004, jour de ses 28 ans, à la suite d’une strangulation de l’intestin grêle non diagnostiquée. La famille reproche au gastroentérologue de ne pas être allé au bout de ses recherches pour établir son diagnostic (lire notre encadré ci-dessous). Un médecin qui est toujours en activité au Luxembourg, selon la sœur de la victime, Nathalie Barbosa Freire.

Dans une lettre ouverte adressée au procureur d’État ainsi qu’aux ministres de la Santé et de la Justice, celle-ci s’étonne du délai anormalement long avant le jugement de ce dossier. « Pour nous, cette affaire semble clairement dérangeante pour notre justice, car elle se voit toujours remise à plus tard ou sine die sans véritable raison », écrit-elle. S’agit-il d’un « délai raisonnable » pour être jugé comme le stipule la Cour européenne des droits de l’Homme ?, questionne-t-elle.

Douze ans de procédures et de reports

Reprenant la chronologie, Nathalie raconte qu’entre 2004 et 2006, diverses procédures ont été entamées par la famille, avant que le Collège médical ne lui signale, après instruction, qu’il ne peut aller plus loin et l’invite à porter plainte au pénal et au civil.

La plainte est déposée le 24 octobre 2006. Après plus de trois ans d’instruction, le juge prévient la famille, le 26 janvier 2010, que la Chambre du conseil se réunira pour décider du renvoi ou non de l’affaire devant la Cour correctionnelle. Nathalie note au passage que le dossier n’est pourtant « pas excessivement complexe » et se résume à « un seul classeur ».

La décision, positive, est prise par la Chambre du conseil… près de quatre ans plus tard, le 17 décembre 2013 ! Pour la famille, l’essentiel est sauf malgré tout : l’affaire sera bien jugée devant le tribunal. « À partir de là, nous nous attendions à une fixation rapide des audiences. Malheureusement, cela ne sera pas le cas », relate la sœur de la victime.

Après un an de nouveau silence, le 10 janvier 2015, le premier substitut indique à la famille que les dates envisagées ne conviennent pas aux experts, « dont l’audition est primordiale dans cette affaire ». Nathalie n’en croit pas ses yeux : « Il est inadmissible que les experts prennent en otage les tribunaux de la sorte. »

Une première audience est finalement fixée à la fin juin 2015, puis annulée. Rebelote à l’audience de décembre. Ce lundi 7 mars, le substitut écrit à la famille : « L’agenda d’audience est malheureusement très rempli. Je reviendrai vers vous dès que possible avec une proposition de date. » Il s’est ainsi déjà écoulé plus de deux ans après la décision de juger l’affaire…

L’incompréhension de la famille

Dans son courrier, Nathalie Barbosa Freire pose une longue liste de questions signifiant son incompréhension : « Comment sont fixées les audiences des tribunaux ? (…) Les fixations ne devraient-elles pas respecter une certaine logique en se basant (…) par exemple sur la date de la fin de l’instruction ? (…) Comment se fait-il que les affaires liées aux infractions au code de la route soient fixées sans délai (…) ? Ne pourrait-on pas mettre un peu plus de pression sur les experts pour qu’ils soient plus à même d’être présents (…) ? »

Enfin, la sœur de la victime se demande s’il ne serait pas pertinent de pouvoir juger un médecin mis en cause, et exerçant quotidiennement, avant qu’il ne finisse par partir à la retraite.

Sylvain Amiotte

Retour sur les faits

Le malheur remonte au 24 janvier 2004. Ce jour-là, vers 14h30, Sylvie est prise d’un malaise, souffre de douleurs violentes et subites à l’abdomen accompagnées de vomissements et de diarrhées. Elle appelle son compagnon qui vient aussitôt la chercher à Metz où elle se promène pour la ramener à la maison, à Niederkorn. Les douleurs persistent et le couple décide de se rendre aux urgences.

Il est 19h ce samedi soir, quand la victime arrive à l’hôpital de Niederkorn où elle est reçue par un urgentiste achevant son service. Le second, qui prend son service à 20h, ordonne une prise de sang et une radio de l’abdomen. Devant les résultats qui lui paraissent inquiétants, il fait hospitaliser la patiente et appelle le médecin gastroentérologue de garde à 21h30 pour lui signaler le cas de Sylvie. Il lui demande de venir dans l’heure.

Le médecin, qui réside à 5 minutes de route de l’hôpital, arrive à minuit et trouve la patiente assommée par les antidouleurs. Une seconde analyse sanguine est encore plus alarmante. Le médecin spécialiste ordonne alors un scanner «urgent» pour 6 h le lendemain matin. Il diagnostique en attendant une gastroentérite et prescrit, entre autres, du Tranxène.

« Elle avait de grandes chances d’être sauvée si elle avait été opérée sur-le-champ »

Dans ses notes, il écrit tout de même le mot «bride» suivi d’un point d’interrogation. C’est un autre nom pour le volvulus du sigmoïde. « On voit bien qu’il avait des doutes, qu’il a envisagé cette possibilité, mais il n’a pas ordonné de scanner immédiat, alors que notre sœur avait de grandes chances d’être sauvée si elle avait été opérée sur-le-champ », raconte amèrement la famille.

Le médecin quitte l’hôpital au bout d’une petite heure. Les infirmières relèveront un niveau de douleur très élevé sur la fiche de la patiente. À 5h30, Sylvie fait un arrêt respiratoire, une demi-heure avant le rendez-vous pour le scanner «urgent». Elle sera réanimée et stabilisée avant de pouvoir passer au scanner, qui révèle la strangulation de l’intestin grêle. Elle sera opérée en urgence par un chirurgien qui lui enlève 217 centimètres d’intestin. Mais trop tard. Le mal est fait, les sécrétions toxiques ont fait leur œuvre.

Sylvie est plongée dans le coma. Un scanner de la tête révèlera que l’arrêt respiratoire a provoqué un œdème cérébral. Elle est en état de mort clinique, on ne peut plus la sauver. Elle décédera le 29 février 2004, le jour de ses 28 ans.

Geneviève Montaigu (extrait de notre article du 8 décembre 2015)

Un commentaire

  1. ce n’est pas très rassurant !
    j’ai déposé plainte le 9 septembre 2015 , pour le vol de toutes mes affaires , et quand je dis toutes c’est de mes documents , lettres personnelles ,documents d’État civil , meubles , vêtements …etc …etc jusqu’aux petites cuillères en tout 67 ans de vie !!! mais pas seulement : toutes les pièces comptables , les lettres, documents et actifs d’une société que j’administrais , absolument tout !!! La police sait qui , sait où tout est recélé , et sait comment et pourquoi ! Mais depuis rien n’est fait .
    Mais le plus grave , si j’ose dire , c’est que depuis , j’ai demandé à recevoir une copie de ma plainte ne serait ce que pour les assurances et autres . La Police en me fournissant le numéro du procès verbal du 07.10.2015 de la plainte m’a demandé de m’adresser au Parquet pour en avoir une copie… ce que j’ai fait à plusieurs reprises , par courrier plusieurs fois ,( je me suis même permis de m’adresser directement à Madame la Procureur d’État ) par visite directement à la cité judiciaire , et par téléphone . RIEN , pas même un  » accusé de bonne réception » absolument RIEN ! tout juste au téléphone on m’a répondu , une fois,que l’affaire était toujours en cours …qu’il fallait l’accord du substitut, mais que de toutes les façons, « ils » n’avaient pas le temps ……
    1 copie , une simple copie de la plainte , rien d’autre pour l’instant !!!
    Et pendant ce temps là , les « voleurs  » me font du chantage et menacent de tout jeter si je ne cède pas à leur chantage !
    http://www.justice.public.lu/fr/affaires-penales/concerne-infraction/victime-infraction/index.html
    http://www.justice.public.lu/fr/formulaires/demande-copie-pv-police/demande-copie-pv-particulier.pdf
    1 copie , une simple copie de la plainte !!!

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