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Luxembourg : 18 ans requis pour avoir abusé sexuellement de sa femme


Le parquet a requis 18 ans de réclusion sans aménagement de peine. (Illustration : Archives LQ)

Mercredi, le parquet a requis 18ans de réclusion contre l’homme de 27 ans poursuivi pour avoir abusé sexuellement de sa femme l’été dernier.

«Les faits en cause sont d’une extrême brutalité : il a séquestré sa conjointe plus de 24 heures dans un squat à Luxembourg, il l’a frappée avec une planche en bois, il l’a menacée, il l’a violée…» Selon la représentante du parquet, il n’y a pas de circonstances atténuantes.

« Je connais ma femme depuis neuf ans, comment je peux la violer?», s’était exclamé le prévenu, mardi, lors de l’ouverture de son procès. Mercredi après-midi, le jeune homme de 27 ans, actuellement placé en détention préventive, a campé sur sa position. Jusqu’au bout, il a contesté avoir violé, attouché, séquestré et menacé son épouse âgée de 22 ans entre les 14 et 15 août 2016 dans une maison abandonnée, boulevard de la Pétrusse. À l’époque, le couple était séparé depuis six mois. «Elle veut m’enterrer en prison pour des choses que je n’ai pas faites», s’est-il exclamé.

«Mon père est commissaire de police, ma sœur est juge en Tunisie, j’ai été bien éduqué. Jamais je n’aurais osé faire des choses pareilles», s’est-il, par ailleurs, défendu. La présidente de la 13e chambre criminelle l’a très vite coupé : «Mais vous l’avez quand même rouée de coups.»

Tout ce qu’il reconnaît c’est d’avoir frappé son épouse avec une étagère. Son ADN retrouvé sur l’objet en atteste d’ailleurs. L’expertise génétique avait également relevé ses traces au niveau des parties intimes de la victime. «Il n’y a pas eu de viol. Ma femme a fréquenté le squat deux semaines auparavant. On avait eu des relations sexuelles.» Voilà son explication. Mardi, l’épouse avait toutefois affirmé que leurs dernières relations remontaient au mois de février 2016, date à laquelle ils s’étaient séparés pour vivre chacun de son côté.

La partie civile réclame 83 000 euros

Enfin, le prévenu a souligné avoir reconnu devant le juge d’instruction avoir commis une faute. «Mais vous avez mis six mois», l’a corrigé la présidente. Sa réponse : «Madame je n’ai pas d’expérience en prison. C’est ma première fois…»

Alors que Me Julie Wieclawski, représentant la partie civile, a réclamé un total de 83 000 euros de dommages et intérêts, Me Pim Knaff a parlé d’un «dossier pas facile» qu’il faudrait replacer dans son environnement : «Les personnes fréquentaient un milieu malfamé. Rien n’était prémédité. La dispute a dégénéré sous l’influence de la drogue.» Selon l’avocat à la défense du prévenu, il n’y a pas eu de séquestration, car son client était toujours avec la victime dans le grenier fermé à clé. Quant au viol, il a souligné que son client le conteste. Il a demandé d’assortir la peine d’un large sursis.

Le parquet a toutefois une autre vision des choses. Il a requis 18 ans de réclusion sans aménagement de peine. À la différence de la défense, il demande de retenir aussi la séquestration, le viol et l’attentat à la pudeur.

La représentante du parquet a, en effet, qualifié la version de l’épouse de très claire. À l’origine de la dispute se trouverait la disparition du paquet de cigarettes et des 50 euros de la jeune femme au cours de la nuit qu’elle avait passée au squat. La situation aurait dégénéré. Pendant de longues heures, son mari l’aurait ensuite frappée, notamment avec une planche entre les jambes, avant de passer aux attouchements, puis au viol. «Psychologiquement, elle était à bout. L’absence de consentement est clairement établie», a soulevé le substitut Sandrine Ewen avant de résumer : «Il est violent, brutal. Il considère sa femme comme un objet qu’il peut séquestrer pendant des heures.»

Au fil de son réquisitoire, elle a aussi donné lecture du certificat médical que la victime avait présenté à la police en portant plainte le 16 août : «Il est sur deux pages. Il en dit long sur les lésions constatées.» La victime avait témoigné avoir passé des heures à convaincre son mari qu’elle n’irait pas à la police, avant qu’il ne la laisse enfin sortir du grenier fermé à clé. Pour le parquet, il n’y a aucun doute : «Elle a vécu des heures d’angoisse.Son mari était son pire bourreau pendant ces heures de séquestration.» «Je n’avais pas l’intention de la séquestrer, a sangloté le prévenu en fin d’audience, avant de se retourner vers sa femme. Je suis vraiment désolé de t’avoir tapée.» La chambre criminelle rendra son jugement le 14 juillet.

Fabienne Armborst

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