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Mari cogneur à Metz : il avait fait d’elle son « défouloir »


Malgré ses regrets et ses promesses de ne plus recommencer, le quadragénaire a écopé de six mois de prison ferme. (Photo RL)

Insultes, humiliations… Lundi, un Messin de 43 ans a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir fait vivre un calvaire à son épouse.

Elle a fini par avoir le courage de déposer plainte. Après bien des années de souffrances. Sophie* a vécu un calvaire auprès de son mari. Aujourd’hui, « c’est l’ombre d’une femme. L’ombre d’une mère », lance son avocate, Me Charlotte Cordebar. Mince dans sa doudoune noire, les cheveux châtains relevés, « elle est pétrifiée, mortifiée ». Mais elle a osé dénoncer.

Cela fait seize ans qu’elle vit avec Fabrice, à Metz. Ils ont eu des hauts, des bas. Et la situation s’est dégradée après la naissance de leur quatrième enfant. C’était il y a six ans. Petit à petit, les insultes et les humiliations sont devenues quotidiennes.

Il y a trois ans, Sophie a craqué, et est partie se réfugier chez sa sœur. Fabrice s’est jeté du troisième étage. Alors elle est revenue. Et la situation a empiré. Il lui a fait payer sa claudication et ses béquilles. « Elle est devenue un objet. Un défouloir. »

Des faits « inqualifiables »

Lundi 30 octobre, à la barre du tribunal correctionnel de Metz, le prévenu baisse la tête. La voix sourde, entrecoupée de sanglots, le quadragénaire assure qu’il regrette. S’excuse. Explique qu’il a agi sous le coup de la colère. « J’aurais aimé qu’on voit la vraie personnalité du prévenu », regrette Me Charlotte Cordebar, rejointe par Caroline Charlier du côté du Parquet : « Hier, c’était un tout autre homme ! »

Prêt à braver la justice, à égorger sa femme, le tout à grand renfort d’insultes. « La nuit en prison m’a fait réfléchir », assure Fabrice. Caroline Charlier se dit « perplexe et dubitative face à un revirement aussi rapide ». Car les faits, qu’il a finis par reconnaître « sont inqualifiables ».

Outre les insultes, Fabrice n’hésitait pas à interdire à Sophie de manger, de se laver, ou de toucher tel ou tel objet dans la maison. Il demandait à ses enfants de 6, 9, 13 et 16 ans d’insulter leur mère. « Il a même été capable de demander à son fils de 9 ans d’aller chercher un couteau pour ouvrir le corps de sa maman de haut en bas… »

« Je veux juste qu’il me laisse tranquille »

Une procédure de divorce est désormais en cours. Chèrement acquise par Sophie. Peur de perdre la garde de ses enfants, ses ressources financières, son logement… Elle s’avance à la barre : « Je suis fatiguée. Je ne veux pas qu’il fasse de la prison, juste qu’il me laisse tranquille. » Stress, crises d’angoisse, nuits blanches… Elle tient grâce à un calmant et à ses enfants. « Il va lui falloir du temps pour qu’elle retrouve une estime d’elle-même », soupire Me Charlotte Cordebar. « Et que vont devenir ces enfants, victimes directes de ces violences conjugales ? », s’inquiète Caroline Charlier.

« La prison raviverait sa haine et sa rancœur »

Pour Me Priscilla Meunier-Garrel, avocate de la défense, « ce sont des gens qui s’aiment, mais qui s’aiment mal. Aujourd’hui, le prévenu est d’accord pour se soigner, et je ne pense pas que la prison soit adaptée à son handicap. De plus, une incarcération raviverait sa haine et sa rancœur ».

Le tribunal a suivi les réquisitions du Parquet : deux ans de prison, pour Fabrice, dont dix-huit mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans, une obligation de soins, une interdiction d’approcher son épouse et de se rendre à leur domicile. L’autorité parentale lui a également été retirée. Il devra enfin verser 1 500 € à Sophie et 500 € à chacun de ses enfants.

 *Les prénoms ont été modifiés.

Sandra Crané (Le Républicain Lorrain)

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