Six mois de prison requis contre un ancien maître nageur de Differdange

Le parquet réclame également une amende contre le quadragénaire poursuivi pour outrage public aux bonnes moeurs à la piscine Aquasud d’Oberkorn.

« J’ai pris ma douche chez les femmes parce que c’était plus pratique. Je n’avais absolument pas d’intentions malveillantes. Je ne suis pas quelqu’un qui veut se montrer. Je n’étais pas tout nu sous la douche. » À la barre de la 9 e chambre correctionnelle mardi après-midi, le quadragénaire a contesté l’outrage public aux bonnes mœurs. Le parquet lui reproche d’avoir à plusieurs reprises non seulement pris sa douche chez les femmes, mais également de s’être changé devant leurs vestiaires collectifs. Les faits remontent à la période entre novembre 2015 et janvier 2016.

Le prévenu de 49 ans affirme n’avoir utilisé que pendant une semaine les vestiaires et douches du personnel à la cave de la piscine Aquasud. « Le chemin pour s’y rendre n’était pas pratique , explique-t-il. Il reconnaît avoir pris tous les matins sa douche chez les femmes. Mais selon lui, à cette heure, la piscine n’était pas encore ouverte au public. Seulement deux à trois fois, il l’aurait fait l’après-midi quand il encadrait des enfants des maisons relais. Selon lui, c’était pour vite enlever sa sueur et il était sûr que personne ne pouvait passer. C’était toutefois oublier que les filles devaient traverser les douches pour se rendre aux toilettes.

« Et les douches hommes, elles ne vous plaisaient pas? », le coupe la présidente. « Je n’aime pas prendre une douche chaude. Les douches des femmes étaient moins chaudes! » Le quadragénaire conteste toutefois s’être changé devant les vestiaires collectifs pendant les heures d’ouverture de la piscine.

Depuis que les faits ont été dénoncés, le quadragénaire n’est plus maître nageur. Il travaille toujours pour la commune de Differdange, mais dans une autre fonction. Cette affaire lui a toutefois valu une affaire disciplinaire. Il n’a pas été suspendu, mais a été sanctionné par une amende correspondant à 50 % de son traitement.

«Il n’avait rien à faire dans les douches femmes! »

Son avocat estime qu’il y a lieu de dédramatiser cette affaire. Selon Me Jean Lutgen, le doute doit profiter au prévenu : «On parle d’un fait isolé. La salariée entendue lundi a clairement dit avoir vu seulement ses pieds nus derrière le paravent .» L’avocat à la défense du prévenu soulève que son client a utilisé les douches des femmes par pur confort, mais en faisant attention que personne ne le voie. Bref, il conteste l’infraction de l’outrage public aux bonnes mœurs et demande l’acquittement.

Du côté du parquet, c’est un autre son de cloche. Le premier substitut soulève qu’il ne s’agit pas d’un fait isolé : «À plusieurs reprises, on lui a dit que cela n’allait pas, qu’il pouvait utiliser les douches du personnel ou sinon celles des hommes. Mais c’est un fait qu’il a continué à utiliser les installations des femmes.»

«Il n’avait rien à faire dans les douches femmes!», martèle la représentante du parquet, balayant par là l’argument de la défense selon lequel il se trouvait derrière un paravent. «Il n’est pas seulement question d’enfants qui l’ont vu, il y a aussi d’autres salariés. Si cela n’avait gêné personne, on ne serait pas là aujourd’hui!», poursuit-elle. Quant à l’excuse selon laquelle les vestiaires du personnel étaient trop éloignés, elle réplique : «Un maître nageur est censé être en bonne forme. Qu’il doive faire 150 m n’est pas exagéré!»

Pour le parquet, l’infraction est donc bien établie. Il requiert six mois de prison et une amende appropriée contre le prévenu. Le tribunal rendra son jugement le 28 novembre.

F. A.