Accueil | Police-Justice | Trafic d’armes: Hermant était un indic

Trafic d’armes: Hermant était un indic


Claude Hermant était jugé à Lille avec neuf autres personnes. (Photo: AFP)

Claude Hermant est  soupçonné d’être au coeur d’un trafic d’armes dont six ont servi à Amedy Coulibaly dans l’attentat de l’Hyper Cacher. Il  présentait un «fort potentiel» d’indicateur, a expliqué mardi un des prévenus à son procès devant le tribunal correctionnel de Lille.

«J’ai connu M. Hermant fin 2010, je l’ai décrit comme ayant un fort potentiel, avec de nombreuses connexions, à mon chef de service», a déclaré à la barre Sébastien L., 42 ans, agent des douanes, soulignant qu’Hermant pouvait être une source intéressante notamment «sur des affaires de stups». Sébastien L. est l’un des dix prévenus soupçonnés d’avoir participé à ce trafic d’armes. Lorsque le président Marc Trevidic l’interroge sur les raisons de la radiation d’Hermant comme indicateur auprès des services des douanes en 2012, il répond : «M. Hermant, sur une affaire de stupéfiants, a impliqué des fonctionnaires des douanes.»

Sébastien L. le présentera ensuite aux gendarmes. Trois d’entre eux doivent être entendus ce mercredi comme témoins pour s’expliquer sur le rôle d’Hermant en tant qu’informateur. Hermant, 54 ans, figure de l’extrême droite identitaire lilloise, en détention provisoire depuis janvier 2015, est le prévenu «transversal» – selon le terme de Marc Trevidic – de cette vaste affaire portant sur près de 500 armes, ayant nécessité plus de deux ans et demi d’instruction. Six ont fini dans les mains du jihadiste Amedy Coulibaly qui a assassiné en janvier 2015 quatre personnes dans un Hyper Cacher à Paris, avant d’être tué. La veille, il avait tué une policière à Montrouge.

D’après sa défense, Hermant a importé des armes démilitarisées d’Europe de l’Est via la société de sa femme, pour conduire des missions d’infiltration et de renseignement. Selon Me Jean-Yves Moyart, avocat d’un des dix prévenus qui encourent tous dix ans de prison pour trafic d’armes en bande organisée, «aucun douanier, policier ou gendarme n’a dit à Hermant «commande 150 armes en Slovaquie pour infiltrer un réseau». «Ils ont laissé faire car ils pensaient que son activité était plus limitée».

Des frites et des armes

D’après Me Muriel Cuadrado, autre avocate, «le problème est qu’il n’y a pas beaucoup de traces avec ses agents traitants et notamment aucune trace d’échanges avec Samir Ladjali». Ce dernier, un Roubaisien de 33 ans au casier bien fourni, mis en examen dans le volet parisien du circuit des armes de Coulibaly, est considéré comme l’un des intermédiaires entre Hermant et le jihadiste.

A la barre, cet homme aux cheveux courts et à la silhouette athlétique a reconnu avoir été en possession d’armes d’Hermant, qu’il dit avoir connu en souhaitant racheter sa friterie située dans le quartier lillois de la soif où étaient stockées une partie des armes. Mais, il a nié les avoir vendues car il était chargé selon ses dires de trouver uniquement des acheteurs potentiels.

Or la défense d’Hermant a évoqué à l’audience un réquisitoire supplétif concernant le placement en détention provisoire de Ladjali venant du parquet de Paris, joint vendredi dans le dossier lillois. Il y aurait ainsi eu un bornage téléphonique de juillet à novembre 2014 à côté du domicile de Roubaix de Samir Ladjali de deux personnes mis en examen dans le dossier parisien et qui auraient livré les armes à Coulibaly. Ces éléments n’ont pas pu être discutés à l’audience car le dossier est encore à l’instruction à Paris.

Le Quotidien/AFP

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.