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Violences conjugales : « la rétine de son œil s’était décollée »


Affiche contre les violences conjugales en France (photo d'illustration AFP).

Depuis lundi, un homme de 27 ans doit comparaître devant la chambre criminelle de Luxembourg. Le parquet lui reproche d’avoir régulièrement porté de violents coups à son épouse, âgée aujourd’hui de 44 ans, de manière volontaire et préméditée. Avec un peu de chance, la victime peut retrouver une acuité visuelle de 60 %.

Les faits remontent aux années 2009 à 2014 et se seraient déroulés à leur domicile à Mamer. Devant les juges, le prévenu a avoué, lundi, qu’il avait frappé son épouse de l’époque (NDLR  : le divorce a été prononcé début février) « dans la figure ». Des coups qui ne sont pas restés sans conséquence. Car aujourd’hui, après toute une série d’opérations, la victime souffre d’un champ de vision réduit. Son acuité visuelle, quant à elle, est de 40  % sur un œil et de 50  % sur l’autre.

En mai 2014, la victime avait été transférée à la clinique d’ophtalmologie de Homburg en Sarre. À l’époque, elle avait sur un œil une acuité visuelle de 5%. « Sa rétine s’était décollée, mais elle avait aussi des déchirures », a témoigné la médecin légiste, entendu lundi à la barre. « Ces blessures ont pu être effectuées à main nue. On n’a pas besoin d’outil », a précisé le témoin.

Selon le dossier, la victime avait, après avoir été frappée par son mari, perdu connaissance à plusieurs reprises. Mais jamais elle n’avait porté plainte. C’est finalement l’équipe médicale en charge de l’épouse à Homburg qui avait contacté les autorités. La mère de famille avait pourtant contacté la police lorsque son fils avait été victime pour la deuxième fois de coups. « Elle se sentait responsable pour son fils, mais pas pour elle-même », a diagnostiqué le psychologue, qui parle encore d’une femme loyale, complaisante et serviable, mais qui oublie de regarder à elle-même.

«Il souhaitait faire d’elle une femme meilleure»

Devant une psychiatre, la victime avait expliqué que son mari la frappait « parce qu’il souhaitait faire d’elle une femme meilleure ». Toujours d’après les experts entendus lundi, elle avait fait connaissance de son mari en Tunisie en 2008, alors qu’il y travaillait comme animateur. Ils s’étaient mariés en 2010, mais n’avaient pas d’enfant en commun. Le fils évoqué précédemment était de son précédent mariage. De l’enquête, il ressort également que la victime s’était convertie à l’islam à un moment donné.

Enfin, le spécialiste en ophtalmologie qui a participé aux nombreuses opérations à Homburg a clarifié que « les coups ont dû toucher directement l’œil. Un simple choc ne suffit pas. C’est une blessure très grave. » « Si elle a de la chance, elle peut atteindre une acuité visuelle de 60  % », a fini par conclure le spécialiste.

Le procès se poursuit cet après-midi avec l’audition d’autres témoins.

Fabienne Armborst

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