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BGL Ligue – La petite vie paisible de Strassen


De la joie, une bande de copains, ça sourit à Strassen? Jusqu'à Quand? (Photo : Mélanie Maps)

L’UNA, rocambolesque promu leader de la DN, en a déjà assez de sa soudaine notoriété. Et espère que ça ne gâtera pas sa petite vie «pépère».

Le succès actuel de l’UNA Strassen parait tellement simple et pris à la légère par toute l’équipe que nous avons voulu partir à la découverte de son vestiaire. Les histoires sont vieilles comme le monde du football, mais elles en disent chaque fois assez long: après avoir entendu tout ça, on sait pourquoi ça va bien et pourquoi ça ne peut pas aller mal chez le promu.

C’est dingue, hein?» Kevin Lourenço n’en revient pas à la lecture du classement, en ce vendredi matin. Alors que le meilleur passeur du championnat s’enthousiasme de cette vaste blague que constitue la place de leader de l’UNA Strassen, Patrick Grettnich, lui, en a déjà marre : «Je suis content que la trêve internationale arrive, que tout ça se calme et que les choses rentrent dans l’ordre.» C’est quoi l’ordre, avec Strassen? On a plutôt l’impression qu’il n’en respecte aucun. La preuve avec son rythme de vie, celui d’une bande de potes comme prétendent en être tous les effectifs de football du monde. Sauf que là, c’est assez fou pour être totalement vrai. La preuve avec ces histoires qu’on entend partout, mais qu’on n’écrit jamais parce que c’est sans intérêt. Sauf quand l’un des plus petits budgets de l’élite est au sommet après cinq journées après avoir battu le champion eschois et tenu le F91 en respect deux semaines plus tôt…

À Strassen, c’est trois séances par semaine seulement

Patrick Grettnich ne fait rien comme personne ou plutôt fait comme Fabien Matagne (RFCU), qui est le seul autre coach à s’être vanté de n’organiser que trois séances par semaine. Alors que 90 % des clubs effectuent leur mise en place le samedi, lui laisse ce jour de repos aux familles. «Je ne veux pas leur enlever ça! On se prend trop au sérieux au Luxembourg. Et peut-être que les autres, justement, s’entraînent trop. J’ai été joueur. Quand tu fais 4 à 5 séances semaine et que tu passes du boulot au foot, que tu rentres juste pour manger et te coucher et que tu refais la même chose le lendemain, où est le plaisir?» En tout cas, on l’a retrouvé sur le terrain face au Fola.

À Strassen, on parle une langue très bizarre

Déjà quatre équipes au moins (et sûrement aussi le F91, car on a du mal à croire que l’UNA n’ait pas poussé de cri de joie à la fin de son match nul 2-2, face au multiple champion du pays) ont dû se demander en quelle langue on célébrait les succès, dans le vestiaire d’à côté. Pour être honnête, même les joueurs de l’UNA ne le savent pas. Michaël Jager a en effet rappliqué un beau jour avec ce cri de guerre sorti de nulle part (internet, spéculent certains de ses coéquipiers) et brodé de mots qui n’existent pas.

Et tout l’effectif pousse le vice encore un peu plus loin, secoué qu’il est par un tout nouveau jeu auquel tout le monde participe, et expliqué par Michel Kettenmeyer : «Le but, c’est de commencer une phrase le plus normalement du monde et, avant de la finir, de glisser un mot qui n’existe pas. En général, si on arrive à faire dire « quoi? » à notre interlocuteur, c’est éclat de rire général. Même Patrick Grettnich s’y est mis!» Quoi?

À Strassen, on lave son linge… quand on le trouve

L’UNA a un caissier en or, même si ses ligaments croisés sont fragiles : Kevin Ruppert. C’est lui qui, flanqué d’un petit calepin qu’il a toujours sur lui, inflige les amendes. Quatre catégories de fautes inexcusables : retard, oubli de vêtement, sonnerie de téléphone dans le vestiaire, tenue incorrecte. L’attaquant n’est pas le moins vicieux de tous ses coéquipiers blagueurs : il se permet même de planquer les affaires de certains joueurs un peu têtes en l’air pour s’assurer de substantielles rentrées d’argent.

Et côté fringues, il y a de quoi faire. Contrairement aux clubs qui ont un certain vécu et un certain standing dans cette division, Strassen fonctionne encore à l’ancienne. On fait son linge chez soi, même si le club aurait, apparemment, commandé une machine à laver.

À Strassen, même les joueurs font des massages

On ne va pas se le cacher, peu de gens voyaient Strassen battre le Fola, jeudi soir. Certains coaches nous avaient même juré commencer à déceler une petite baisse de régime physique au fil des quatre premières rencontres. «Eh bien non, c’était tout le contraire», se réjouit Grettnich, qui a intéressé un ancien joueur du club reconverti dans le triathlon, Éric Jungbluth, à la préparation physique. «Il nous aide à planifier, explique le coach, qui en dévoile le moins possible. Disons qu’il a amené ses idées.»

De fait, l’UNA est relativement épargnée par les blessures musculaires depuis deux ans. C’est aussi parce que son effectif est riche en personnes à la tête bien remplie et aux mains en or, les «kinés» du groupe, qui ne rechignent jamais à exercer auprès de leurs coéquipiers quand le kinésithérapeute officiel est absent. «Ils sont toujours prêts à donner ce coup de main, apprécie Grettnich. Mais je vais peut-être devoir me renseigner auprès de mon président pour savoir s’ils ne lui envoient pas la facture pour les soins.»

À Strassen, on danse la funana

Les murs du stade Jean-Wirtz vont attraper des acouphènes à force de tant de bonne humeur. Dans cette équipe, on conçoit très rarement un entraînement sans musique et tout le monde a dû se plier aux goûts en la matière, des ambianceurs de service : Taimo Vaz Djassi et Joscelino Dos Santos, qui ne ratent jamais une occasion de ramener leur musique, c’est-à-dire un savant mélange d’influences africaine, caribéenne et cap-verdienne. Bref, à Strassen, on danse souvent la funana. Et Michel Kettenmeyer, dont les déhanchements sont, paraît-il, un must de drôlerie, n’hésite jamais longtemps à se lancer sur la piste de danse.

«De temps à autre, « Drago » (NDLR : Denis Dragolovcanin) met un peu de rap français», hasarde Kevin Lourenço. Mais les gars de Grettnich aiment trop se remuer le popotin. Et finir, pour certains, par un poker jusqu’au bout de la nuit dans les installations du club. «J’ai un peu l’impression de revoir le Differdange d’il y a quelques années, se remémore Michel Kettenmeyer. Juste au moment où on est remontés en Division nationale.» Souhaitons à l’UNA de suivre le même chemin, mais on doute qu’elle ait, là, tout de suite, les mêmes ambitions…

Julien Mollereau

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