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[Europa League] Aberdeen-Fola : Hym (presque) seul contre tous


Le portier du Fola s'attend à vivre des moments compliqués face aux joueurs de Derek McInnes.

Jeudi (20h45) à Aberdeen en Ecosse, Thomas Hym, gardien du Fola et grand spécialiste des chaudes ambiances européennes, se retrouvera dos à l’impressionnante tribune Richard-Donald et ses 6 000 fans, pour le 1er tour aller de l’Europa League.

Un gardien, c’est souvent seul, à chercher des repères dans un stade qu’il ne connaît pas. Ceux de l’étranger sont souvent un peu grands pour les portiers du Grand-Duché, mais Hym, lui, quand il sort du pays, ne joue jamais que dans des stades énormes et des ambiances bouillantes.

Le 26 août 2011, vers midi, Thomas Hym profite d’un jour de repos à Paris. Il est avec Madame et décide de la jouer classe : ce sera Quick pour tout le monde. Au moment de se poser avec son plateau, sa moitié lui montre discrètement et le sourire en coin la table d’à côté où un homme feuillette L’Équipe.

En arrêt sur la page qui relate la difficulté avec laquelle le PSG a battu Differdange (2-0) en Europa League, la veille, l’homme hésite, fronce les sourcils devant l’énorme photo pleine page qui montre le portier luxembourgeois boxer un ballon devant Guillaume Hoarau, l’avant-centre parisien. Il relève les yeux et tourne la tête vers Hym, hésite un instant, revient au journal puis à son voisin… mais n’ose pas demander. Aujourd’hui, Thomas Hym en rigole encore : « On voyait vraiment qu’il se posait la question. »

Hym a eu de la chance. C’est lui qui a eu droit à la titularisation au Parc des Princes, pas Julien Weber, qui l’avait depuis longtemps supplanté dans la course à la place de n° 1 dans les buts du FCD03.

Paolo Amodio, coach de l’époque, avait avant de monter à la capitale tranché pour offrir ce cadeau empoisonné à son numéro 2, grand fan du PSG. Sa seule titularisation européenne à l’extérieur avec Differdange, mais dans un stade mythique.

Depuis, il n’a plus connu que ça. Parce que le Fola ne tire jamais que du lourd : des clubs grands comme ça avec des stades jolis comme tout. C’est bien simple, quand il sort des frontières, Hym ne joue jamais devant moins de 6 000 spectateurs, et ils ont à chaque fois la réputation bien trempée des vrais supporters. 2014, IFK Göteborg et 5 900 Suédois dans le Nya Gamla Ullevi. 2013 et 2015, Dinamo Zagreb, avec 8 995 puis 9 100 Croates.

Du premier, il y a encore une vidéo prise par un membre du staff qui raconte encore les frissons de l’entrée sur la pelouse. Du deuxième, il reste encore ces mots de Hym, l’année dernière, presque un an jour pour jour avant d’y retourner, qui décrit « une arène pour gladiateurs » en parlant du Maksimir avec les poils des bras au garde-à-vous.

«Je pourrais demander à mon capitaine…»

Forcément, avant de décoller vers Aberdeen, c’est encore et toujours vers lui qu’on se tourne. C’est lui qui sera aux premières loges quand les ailiers de Derek McInnes vont arroser sa surface de réparation avec quatre solides gaillards aux joues rouges à la réception, c’est lui qui, au moins durant 45 minutes, aura dans le dos la tribune Richard Donald, qui peut accueillir jusqu’à 6 000 spectateurs.

Il en sourit, même si c’est un peu tendu : « Je pourrais demander à mon capitaine de ne pas me mettre dos à cette tribune directement s’il peut choisir le côté, mais à bien y réfléchir, ce serait peut-être mieux. Parce que si on tient le 0-0 et que ça commence à pousser en deuxième période… »

Il l’admet : si le premier ballon n’est pas capté dans les règles de l’art et que dans son dos, les supporters écossais commencent à chambrer, « Ça peut vite cogiter. Et quand tu es gardien, tu es tout seul… »

Ce sera sa première fois dans un stade british, sans grillage, avec les spectateurs à quelques mètres, assez près pour sentir les vapeurs de Guinness.

Ce qu’il a vu des supporters de la Couronne (surtout les Gallois, Irlandais et Nord-Irlandais) à l’Euro-2016, l’a pleinement rassuré et après tout, il n’y a qu’au Parc des Princes qu’il avait été insulté, traité de « paysan » et autres insanités moins avouables. « Et puis il faut encore les comprendre! Je pense que pour un gardien, c’est plus facile de sortir de son match au Luxembourg, où les gens t’insultent aussi quand ils sont derrière ton but. »

Pas inquiet, Hym ne va se préoccuper que d’une chose, ce soir, lors de sa dernière séance, « trouver des repères visuels ». Quatre tribunes, c’est trois (voire quatre) de plus que sur la plupart des stades de DN. En général, un panneau publicitaire suffit à se situer. Le plus gros du travail a déjà été fait en amont, durant deux semaines où il a bouffé de la phase arrêtée et du centre à l’écœurement. Il en redemandera sûrement encore une petite salve à Alija Besic ce soir.

Hors de question d’être la risée du Tout-Aberdeen. Hym préférait largement revivre ce qu’il avait vécu à la sortie du Parc, il y a cinq ans maintenant, quand un père de famille l’avait abordé avec ses deux enfants pour prendre des photos et demandé des autographes, parce qu’il trouvait que le gardien du FCD03 était « vraiment bon… »

De notre envoyé spécial à Aberdeen, Julien Mollereau

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