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Gerson Rodrigues : « Je n’ai pas eu une vie facile »


Gerson Rodrigues est en train de rattraper le temps perdu. (Photo : Tageblatt)

Né à Lisbonne il y a 20 ans, Gerson Rodrigues crève l’écran cette saison avec le RFCU. Viré du centre de formation du FC Metz à l’adolescence pour des problèmes de petite délinquance, il estime mériter aujourd’hui une seconde chance.

Portugais d’origine cap-verdienne, Gerson Rodrigues, qui s’est entraîné au CFN de Mondercange des U17 aux U21, pourrait bien représenter le Luxembourg très rapidement.

Le RFCU a gagné ces quatre derniers matches, n’est plus très loin de la 4e place et est encore engagé en Coupe. Se qualifier pour l’Europa League, c’est l’objectif ?

Gerson Rodrigues : En début de saison, l’objectif était de se qualifier pour la Coupe d’Europe par le championnat. Aujourd’hui, on y croit encore mais ce qu’on veut, c’est gagner la Coupe! On a un groupe magnifique alors tout est possible.

Récemment, un entraîneur (Fabien Matagne) et un président (Daniel Masoni) sont partis. Quel impact cela a-t-il eu sur les joueurs ?

Le point positif, c’est qu’il n’y a plus de rumeurs. C’était surtout pénible sur les réseaux sociaux, on lisait tout et n’importe quoi. Moi, je n’avais pas de problème avec l’entraîneur. À côté de ça, on n’était pas payés à temps. Quand on est dans un club comme le RFCU, ce n’est pas normal.

Selon notre classement, vous êtes le deuxième meilleur joueur du RFCU derrière Julien Jahier et vous figurez dans le top 20 au général (18e avec une moyenne de 5,61). Cela vous semble juste ?

Je crois que c’est correct. J’ai vu que j’étais deux ou trois fois dans votre équipe type de la journée, ça m’a fait plaisir parce qu’à chaque fois, j’avais trouvé que mon match n’était pas mal. Quand je rentre sur le terrain, j’ai la niaque. Quand tu joues avec des joueurs comme Jahier, tu es obligé de te défoncer. Julien Jahier, c’est un moteur. Lui sur le terrain, il explose le gardien et les filets en même temps. Quand il parle, parfois, ça casse les bonbons, mais on lui doit tous le respect. Et il parle pour le bien du jeune à qui il parle, pas pour se placer au-dessus. Il n’y a pas que lui qui prend la parole dans le groupe. Kevin Lacroix aussi! Lui, c’est mon grand frère. Je jouais déjà avec lui au Swift et c’est lui qui m’a donné mes premiers ballons et m’a permis de m’intégrer au milieu des seniors.

C’est votre première saison pleine. Comment jugez-vous votre progression par rapport à votre bref passage en DN avec le Swift (10 matches lors de la saison 2013/2014) ?

Je ne suis pas encore satisfait. Je peux donner plus. Avec la mentalité que j’ai, je peux aller plus loin. Je n’ai pas 35 ans, j’en ai 20, et je suis persuadé que je peux encore devenir professionnel.

Elle vient d’où cette « niaque » ?

Je n’ai pas eu une vie facile. Je n’ai presque pas vu ma mère pendant mon enfance. Quand elle est arrivée au Luxembourg, je suis resté au Portugal, je vivais avec ma grand-mère maternelle. Ma mère ne voulait pas que je galère. Elle voulait s’intégrer, réussir professionnellement, pour que je la rejoigne comme un prince et que je ne manque de rien. Elle ne voulait pas que je galère comme elle avait galéré. Je suis arrivé au Luxembourg à 9-10 ans. J’ai fait une saison à l’Union et le FC Metz est venu me chercher. J’y ai joué de 11 à 14 ans.

Il paraît qu’à Metz, les gens venaient plus vous voir vous que Maxwel Cornet (aujourd’hui titulaire à Lyon), qui jouait à vos côtés en attaque…

J’étais plus fort que Maxwel Cornet mais lui, il avait des agents. Moi pas, ou alors des personnes pas très fortes. Maxwel avait quand même un potentiel de malade et c’est normal qu’il ait réussi à percer. Avant qu’il aille à Lyon, quand il était encore à Metz, il venait dormir chez moi. On est toujours en contact. Je lui ai envoyé un message quand il a marqué contre le PSG.

Qu’est-ce qui a poussé le FC Metz à vous virer ?

Je n’aimais pas trop l’école. Je ne regrette rien mais si c’était à refaire, j’essaierais de m’accrocher un peu plus.

Vous vous êtes ensuite retrouvé à Dreiborn, au centre socio-éducatif de l’État après avoir commis quelques petits délits. Peut-on parler de prison pour adolescents ?

Non, ce n’est pas une prison! J’avais une liberté de malade. Je suis tombé sur un bon directeur qui s’est adapté à qui j’étais. Il me laissait faire beaucoup de sport. De la musculation, de la capoeira… Certains jeunes n’ont pas du tout le droit de sortir. Moi, puisque j’avais un bon comportement, j’ai pu m’entraîner au Swift. Il y avait une navette Emile Weber qui venait exprès pour moi. À Dreiborn, j’ai pris mes responsabilités, on disait que j’étais le papa du groupe. Bon, j’ai aussi fait un peu de menuiserie parce qu’on apprend des vrais métiers. J’ai construit quelques chaises en bois, mais ce n’est pas mon truc! Quand je suis ressorti de là-bas, je me suis promis de ne jamais abandonner le foot. Je dois au moins ça à ma mère.

Ce passé vous a-t-il joué des tours dans le foot ?

Beaucoup de gens pensent que je suis dur à gérer. Si c’était le cas, alors j’aurais arrêté le foot et continué les conneries. Si je n’avais pas eu de mental, je ne serais pas allé à Kayl/Tétange en Promotion l’année dernière. J’y suis allé parce qu’il fallait bien aller quelque part et que personne ne voulait de moi à cause de ma réputation. Ce n’était pas simple à Kayl/Tétange car honnêtement, la Promotion, ce n’est pas du foot!

Aujourd’hui, vous sentez-vous plus soutenu, ou mieux entouré ?

C’est ma mère qui a le plus de mérite. Aujourd’hui, elle est en arrêt maladie et je continue pour elle. D’autres personnes comme Vincent (NDLR : Thalamot, le bras droit de Daniel Masoni), m’ont beaucoup aidé. Je n’ai pas beaucoup de famille ici, simplement deux oncles et des cousins. Pas de famille proche. Mon père, je ne l’ai vu que deux fois dans ma vie.

Entretien réalisé par Matthieu Pécot

Luc Holtz veut qu’il ait vite un passeport luxembourgeois

Gerson Rodrigues est dans le viseur du sélectionneur national depuis plusieurs mois. L’ailier du RFCU était d’ailleurs censé effectuer le stage à Belek (Turquie) en janvier, avant que Luc Holtz ne se rende compte que Gerson ne disposait que d’un passeport portugais. Il lui a alors suggéré de vite effectuer les démarches afin d’obtenir un passeport luxembourgeois. Il ne faudra donc pas être surpris de l’identité du prochain appelé chez les Roud Léiwen.

Le F91, le Fola et le FCD03 sur le coup

L’avenir de Gerson ne devrait pas se situer du côté du stade Achille-Hammerel. Arrivé en début de saison au RFCU, le joueur a beau s’épanouir dans un groupe dont il loue les qualités humaines, les nombreuses sollicitations et sa quête de professionnalisme devraient l’amener à faire ses bagages. Le F91, le Fola et Differdange, autrement dit les trois premiers de BGL Ligue, ont d’ores et déjà tâté le terrain. Les clubs intéressés devront toutefois traiter avec Kayl/Tétange, à qui le joueur appartient. Gerson, sur qui la nouvelle direction du RFCU pourrait mettre le paquet, serait aussi ciblé par quelques clubs étrangers dont les noms n’ont pas filtré. «J’ai des propositions en béton», sourit le joueur.

Un commentaire

  1. si maintenant les journaux deviennent des « agents » de joueurs, on s’en sortira plus
    C’est un bon joueurs, mais il ne faut pas exagerer non plus

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