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Vincent Thill, l’avenir lui appartient


Surclassé chez les U19, Vincent Thill est facile à reconnaître : ses manches cachent ses mains. (Photo : Mathieu Hohlfeld)

Vincent Thill, 15 ans, joueur du FC Metz, est le grand espoir du football luxembourgeois.

Le prodige est l’avenir, mais aussi le présent, puisque Luc Holtz a déjà annoncé qu’il lui offrirait ses premières sélections en 2016.

Samedi 19 décembre, Reims, stade Louis-Blériot, 15 h 25. Thill conduit son ballon avec la semelle, colle un grand pont à son adversaire grâce à un coup du foulard et envoie une grosse frappe du gauche. Puis il sprinte, escalade la main courante, renifle un coup et prend place dans les bras de sa maman, Nathalie. Son prénom est Marek, il aura 6 ans le lendemain et est venu assister à la rencontre entre les U19 de Reims et ceux du FC Metz, où évolue son frère Vincent, 15 ans et surclassé. Il y a quelques semaines, les éducateurs du centre de formation grenat ont constaté que le talent de leur Luxembourgeois commençait à étouffer au sein du groupe des U17, sa «vraie» catégorie. Alors ils l’ont envoyé s’entraîner avec les plus grands, en attendant la véritable explosion et son passage chez les pros, dont personne ne se demande s’il aura vraiment lieu, mais plutôt quand cela arrivera.

Dans la famille Thill, il y a donc les parents, Serge et Nathalie, tous les deux anciens internationaux. Et puis, il y a les quatre fistons, tous bourrés de talent. Pour savoir lequel en possède le plus, il suffit de poser à Marek la question «lequel de tes frères est le plus fort?» et d’entendre un «Vincent!» enjoué pour se faire une idée. La réponse ne semblait pourtant pas si évidente. Cet été, Sébastien (21 ans) et Olivier (19 ans) ont découvert l’Europa League avec le Progrès Niederkorn face aux Irlandais du Shamrock Rovers. Sébastien a même connu son quart d’heure de gloire lors de sa première sélection, début septembre, face à la Macédoine, contre qui il a marqué l’unique but du match, quelques minutes après être sorti du banc (1-0).

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«À l’origine, le FC Metz s’intéressait d’ailleurs à Sébastien, note Serge. Mais il a dit que ça ne le tentait pas.» Qu’à cela ne tienne, les recruteurs messins se focalisent vite sur Vincent, alors âgé de 11 ans et à qui il ne faut qu’une séance d’entraînement pour valider son billet pour le centre de formation. L’ancien du Fola, du Progrès, de Rodange et du CS Pétange gravit si vite les échelons sous le maillot grenat que lui et son entourage se retrouvent aujourd’hui confrontés à un environnement un peu surnaturel. Un exemple? Retour à Reims, en pleine mi-temps. Serge discute avec un homme qu’il ne connaît pas. Un agent qui travaille pour Yaya Touré, la star de Manchester City, qui, dit-on, se trouve lui aussi quelque part autour du terrain et attendait avec impatience de voir à l’œuvre Vincent Thill.

Il en faut plus pour impressionner la famille, habituée aux clins d’œil du milieu. «Quand Vincent a mis ses deux coups francs au Luxembourg (NDLR : en éliminatoires de l’Euro U17 contre la Serbie et l’Autriche, en octobre), environ 25 agents m’ont contacté sur Facebook.» Vincent lui-même a été dragué sur son compte. La réponse est à chaque fois la même. «On les écoute, mais on leur dit que Vincent ne manque de rien», récite Serge, qui s’est naturellement tourné vers Didier Philippe quand la nécessité d’avoir un agent s’est imposée, en février dernier, lorsque le FC Metz a fait signer un contrat élite d’une durée de cinq ans à sa pépite, par crainte de se faire doubler par les gros bras européens qui le suivaient (Bayern Munich, Arsenal, Chelsea, PSG…).

Déjà sponsorisé par Adidas

Il n’y a pas que les agents qui se battent pour «collaborer» avec le Luxembourgeois. Il y a aussi les sponsors. Sur la pelouse synthétique rémoise, des chaussures fluorescentes. Partout. Sauf aux pieds du n° 11 lorrain, équipé de souliers noirs pas encore commercialisés et dont Mesut Özil a fait la présentation deux mois plus tôt. De quoi susciter la jalousie de ses coéquipiers? Non, jure Sébastien Muet, son entraîneur et responsable de sa venue. «Ici, tout le monde l’aime», assure le formateur.

Vincent Thill est même la tête de gondole de la formation messine. Pour preuve, il a été choisi par le club pour être le personnage principal d’un court métrage promouvant le SenseBall, ballon de foot d’entraînement accroché à un élastique popularisé dans l’Hexagone par le FC Metz. Pour autant, l’adolescent est chaque jour confronté à une concurrence qui fait deux têtes de plus que lui. «Au début, dans les duels, ça faisait mal, mais je m’y suis vite habitué. C’est comme ça», considère le garçon qui a obtenu au printemps dernier son brevet avec mention «assez bien». Pour tout dire, l’école n’est pas forcément une priorité pour Vincent, mais tant qu’il y est obligé, il va au lycée, dans une classe de 29 élèves qui ne compte que deux garçons. «C’est pas l’école, ça, c’est le paradis», se marre Serge.

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Vincent passe à côté de cette blague, mais pas de son match. Sans crever l’écran, il répond présent. Il prend ses responsabilités lorsqu’il s’agit de tirer un coup franc qui passe au ras de la lucarne. Reims, champion de France U19 en titre, s’incline (0-2), laissant Metz s’installer en tête du championnat. Thill profite du tableau pour offrir à son avant-centre le ballon qui le verra se faire faucher dans la surface et obtenir le penalty du break. À un quart d’heure de la fin de la rencontre, il sort, lessivé. «Il est très fatigué en ce moment. Il s’entraîne du lundi au samedi, joue son match le dimanche et depuis peu, le mercredi, il se lève à 6 h du matin pour faire une séance de musculation juste avant d’aller à l’école», souffle sa mère.

Les vacances ne dureront pas très longtemps. Mi-janvier, Vincent prendra part à un bouillant derby face à Nancy en 64e de finale de Coupe Gambardella. Puis, il s’envolera pour la Turquie pour un stage avec les Roud Léiwen, Luc Holtz considérant qu’il n’est plus seulement question de potentiel. Le gaucher s’en délecte déjà : «J’ai hâte d’y être. Je n’ai jamais joué avec mon frère, ça va être génial! La sélection, c’est vraiment ce qui sera le plus important pour moi en 2016, ce qui m’excite le plus! Le passage chez les pros à Metz, disons que vers 17 ans et demi, ce serait bien.» Ce n’est pas seulement 2016 qui pourrait être l’année Thill. Mais aussi 2017, 2018, 2019, 2020…

De notre envoyé spécial à Reims, Matthieu Pécot

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