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La « soif de sang » de Larossi Abballa, tueur des deux policiers à Magnanville


Larossi Abballa. (photo DR / AFP)

« J’ai soif de sang. Allah m’en est témoin. » Larossi Abballa, qui a tué lundi soir un policier et sa compagne à Magnanville au nom du jihad, avant d’être abattu, gravitait depuis des années dans la mouvance islamiste radicale et ne cachait pas son désir de commettre des actions violentes en France.

Selon le journaliste David Thomson, la vidéo filmée par Abballa et diffusée en direct sur Facebook alors qu’il commettait ses crimes, a été vue par 98 personnes, et retirée 11 heures après sa diffusion. Le jeune homme y enjoint notamment ses 160 abonnés et plus particulièrement ses contacts de Daech à faire le communiqué de son attaque, ce qui explique la réaction rapide (quelques heures) du groupe terroriste à revendiquer ses actes.

Originaire de Mantes-la-Jolie, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Paris, cet homme de 25 ans, cheveux longs, petite barbe, avait été condamné en septembre 2013 pour avoir participé à une filière d’envoi au Pakistan de volontaires pour le jihad. L’enquête avait mis au jour le profil inquiétant du jeune homme, connu jusque-là pour des faits mineurs de droit commun (vol, recel).

Lire aussi : Un policier et sa compagne tués, Daech revendique

 

Au moment de son arrestation en mai 2011 pour ses liens avec Mohamed Niaz Abdul Rassed, un ressortissant indien considéré comme l’inspirateur de la filière, les policiers retrouvent au cours d’une perquisition au domicile de ses parents un agenda avec une liste de commissariats, de mosquées et de lieux touristiques dans son département des Yvelines.

« Des cibles potentielles », souligne à l’époque une source proche de l’enquête. Les messages téléphoniques entre Larossi Abballa et les autres membres de la filière laissent peu de doutes sur les intentions du jeune homme, qui « semble volontaire pour commettre des actions violentes en France », relève alors cette source.

« Crois-tu vraiment qu’ils ont besoin de nous là-bas », au Pakistan ? « Allah avec sa volonté va nous donner les moyens de hisser le drapeau ici », en France, écrit-il en 2011 à l’un de ses compagnons. « Faut commencer le taf », « j’ai soif de sang. Allah m’en est témoin », ajoute-t-il. Larossi Abballa se montre toutefois aussi pressé d’aller au Pakistan. « Il ne connaissait pas grand-chose à la religion mais c’était le plus chaud » pour partir, « il semblait très motivé à l’idée de faire le jihad », raconte l’un des membres de la filière aux enquêteurs, le décrivant comme « bizarre » et « mystérieux ».

Larossi Abballa. (photo DR / AFP)

Larossi Abballa. (photo DR / AFP)

Propagande jihadiste

L’exploitation de son téléphone, de son ordinateur et d’une clé USB révèle alors également de nombreux documents de propagande jihadiste : vidéos, brochure sur Al-Qaïda… Avec ses compagnons, Larossi Abballa participe fin 2010 et début 2011 à plusieurs entraînements religieux et sportifs dans des parcs du Val-d’Oise et de Seine-Saint-Denis, non loin de Paris. Au cours d’une équipée plus discrète dans les bois de Cormeilles-en-Parisis (Val-d’Oise), le groupe s’entraîne même à égorger des lapins, d’après les investigations.

Autre révélation à l’époque, Laroussi Abballa doit rencontrer le 18 décembre 2010 des « frères » venus de Belgique. Devant les enquêteurs, il nie les faits, soutenant être athée, faisant semblant d’être musulman pour « ne pas attirer les soupçons » et « éviter d’être rejeté par sa famille », d’après une source proche du dossier. Au cours de son procès en 2013, il apparaît comme « limité intellectuellement, basique, influençable. Aucunement décideur », se souvient Hervé Denis, l’un des avocats des prévenus.

Condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, il est libéré à l’issue du procès après avoir purgé l’intégralité de sa peine en détention provisoire. L’homme ne semble pas pour autant avoir quitté la mouvance jihadiste. Il est impliqué dans une enquête judiciaire ouverte récemment sur une filière jihadiste syrienne, selon des sources proches du dossier, mais son rôle exact n’a pas été précisé.

Le Quotidien / AFP

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