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Le nucléaire français à nouveau au cœur de la polémique


Fessenheim, la plus vieille centrale nucléaire française, le 14 novembre 2013. (Photo : AFP)

L’avenir du parc nucléaire français est de nouveau au cœur de la polémique, avec la confusion gouvernementale autour de la date de fermeture de Fessenheim, le débat sur la prolongation des autres centrales, tout cela dans un contexte compliqué pour la filière nucléaire.

Quand Fessenheim doit-elle fermer?

Fessenheim (Haut-Rhin) fermera-t-elle effectivement en 2016 comme l’a affirmé la ministre du Logement, ex-Europe-Ecologie-Les Verts, Emmanuelle Cosse dimanche ? Ou en 2018, selon de précédentes déclarations de la ministre de l’Energie Ségolène Royal ?

Le gouvernement a lié le sort de la plus vieille centrale française à celui du réacteur EPR en construction à Flamanville (Manche). La loi sur la transition énergétique promulguée en août 2015 fixe en effet un plafond pour la capacité du parc nucléaire des 58 réacteurs français, à son niveau actuel de 63,2 gigawatts.

EDF ayant annoncé que l’EPR de Flamanville serait mis en service en 2018, cela oblige l’électricien à fermer Fessenheim à cette date. Dans une lettre adressée à l’électricien, la ministre de l’Energie Ségolène Royal lui a demandé en début d’année d’entamer la procédure d’ici «la fin juin 2016».

Fessenheim pourrait-elle être fermée en 2016 ?

Théoriquement, le plafond fixé par la loi n’empêche pas EDF de fermer avant 2018 cette centrale, critiquée par l’Allemagne et les écologistes, comme celles du Bugey (Ain) ou de Cattenom (Moselle) pour sa vétusté. Mais est-ce possible ? «Le processus est assez simple pour arrêter un réacteur», assure Emmanuelle Cosse.

«Il ne suffit pas de tourner un bouton», avait précédemment déclaré Ségolène Royal. «Le processus complet de fermeture et de démantèlement prend quelques dizaines d’années. Mais on peut techniquement mettre en arrêt une centrale. On peut l’empêcher de produire demain matin», explique Arnaud Leroi, du cabinet Bain and Company. Et, selon lui, grâce aux interconnexions avec les réseaux électriques des pays voisins et les surcapacités de production d’électricité qui existent actuellement en Europe, cela ne poserait «pas de problème» pour compenser la production de Fessenheim qui représente environ 3% de la production française.

Le vrai problème pourrait être «le cadre juridique de fermeture de Fessenheim qui n’est pas stabilisé», avance M. Leroi, notamment sur l’indemnisation des actionnaires de la centrale, EDF, mais aussi l’allemand EnBW et les suisses Alpiq, Axpo et BKW. EDF a d’ailleurs estimé, dans une lettre à Ségolène Royal que sur ce «volet indemnitaire», les discussions devront être «finalisées» avant qu’il ne dépose la demande de fermeture.

Que vont devenir les autres centrales françaises ?

EDF n’a pas l’intention de fermer d’autres centrales, a dit à la mi-février son PDG Jean-Bernard Lévy, même s’il entend respecter la loi qui vise une réduction de 75% à 50% de la part de l’atome dans la production d’électricité d’ici 2025. La ministre de l’Energie a même indiqué qu’elle était «prête à donner (son) feu vert» pour prolonger la durée de vie des réacteurs, qui passerait de 40 à 50 ans. Elle n’a en revanche pas précisé combien de réacteurs seraient concernés. Une première estimation pourrait être contenue dans le texte de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) dont la présentation prévue ce mardi a été reportée sine die.

Selon des documents provisoires dévoilés par l’avocat Arnaud Gossement, le gouvernement envisageait d’«engager, au cours de la première période de PPE (soit entre 2016 et 2018, ndlr) les investissements pour préparer une première tranche de 25 GW de prolongations (40% du parc)». Reste à savoir si cette décision sera maintenue dans la version finale de la PPE. Il reviendra ensuite à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de donner son accord pour la prolongation de chaque réacteur.

Quelles conséquences pour EDF ?

EDF a prévu un vaste programme d’investissements (grand carénage) d’environ 50 milliards d’euros pour allonger la vie de ses centrales, ce qui lui permettra d’étaler davantage la durée d’amortissement du parc nucléaire dans ses comptes et donc d’améliorer son équation financière. Car l’électricien est plus que jamais dans la tourmente après la démission confirmée lundi de son directeur financier, en désaccord sur «la faisabilité à court terme» du projet de construction de deux EPR à Hinkley Point en Angleterre.

EDF, endetté à hauteur de plus de 37 milliards d’euros, doit aussi financer le rachat de la branche réacteurs d’Areva, une partie de la construction du site d’enfouissement des déchets radioactifs Cigeo, tout en se développant dans les énergies renouvelables.

Le Quotidien/AFP

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