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Nouvel an : à Paris, on veut en finir avec cette « année de merde »


Forces de sécurité déployées près de la Tour Eiffel le 31 décembre 2015 à Paris. (Photo : AFP)

L’expression tourne en boucle, le souvenir des attentats à Paris reste dans toutes les têtes: 2015 fut une «année de merde», affirment passants et fêtards, qui se sont toutefois pressés par milliers sur les Champs-Elysées pour «s’amuser comme d’habitude».

Place de la République, la statue place de la République s’est muée en mausolée visité par les touristes, lourds caméras et objectifs en bandoulière, comme par les riverains, qui y passent forcément. Venue en «hommage» devant le monument, Lila Rehane, Marseillaise de 49 ans, depuis dix jours à Paris, voudrait voir «la paix» revenir l’an prochain, après une année 2015 d’«angoisse», de «menace qui plane».

Quelques centaines de mètres plus loin, Walid Abdelhamid, commerçant de 28 ans, espère lui que «l’ambiance s’améliorera», «que les gens arrêteront de se prendre la tête pour des questions de religion». «Quand la question religieuse sera réglée, tout sera réglé, même les problèmes économiques», pronostique Walid, qui comme beaucoup gardera le souvenir de 2015 comme d’une «année de merde».

La menace d’attentat qui continue de planer n’a pas empêché des milliers de personnes de venir célébrer la nouvelle année sur les Champs-Elysées, dont les arbres scintillent de guirlandes clignotantes. «C’est le Nouvel An, on a voulu s’amuser comme d’habitude, en dépit de tout, alors on est venues sur les Champs car c’est l’endroit idéal pour cela», assurent Joy et Rebecca, la vingtaine, venues de banlieue et de Vendée.

«Je n’ai pas spécialement peur», reconnait Joy, fataliste. «Un attentat, cela peut arriver partout et n’importe quand. Mais cela ne va pas nous empêcher de vivre». Derrière elle, des touristes anglo-saxons débouchent une bouteille de vin, des asiatiques se prennent en photo et quelques couples plus âgés esquissent un pas de danse.

«Paris est debout, fière»

Un temps menacées, les célébrations du Nouvel An sur les Champs-Élysées ont été maintenues, mais dans une version allégée, alors que le risque terroriste reste «très élevé» selon les autorités, qui ont aussi pris en compte le recueillement en hommage aux victimes des attentats les plus meurtriers de l’histoire, qui ont fait 130 morts le 13 novembre.

Le feu d’artifice a ainsi été annulé, le spectacle vidéo, juste avant minuit, n’a duré que dix minutes et la circulation des voitures sur la «plus belle avenue du monde» rouverte plus tôt que d’habitude. «Après les attentats qui ont meurtri notre ville, il s’agit d’envoyer au monde le message que Paris est debout, fière de son mode de vie et du vivre-ensemble», a prévenu la mairie de Paris, évoquant un «spectacle sobre et digne».

A 23h50, l’Arc de Triomphe a été illuminé aux couleurs bleu-blanc-rouge, sur la musique de la Marseillaise et les applaudissements du public, où les touristes étrangers et provinciaux prédominaient. Puis le célèbre monument a servi d’écran à un spectacle vidéo associant des visages anonymes et souriants à des monuments parisiens célèbres et se concluant par un feu d’artifice virtuel.

Le tout sous haute protection: quelques 1.600 policiers et gendarmes ont été déployés aux abords des Champs-Elysées, où des contrôles et des «filtrages sélectifs» sont effectués, avec contrôles des sacs. «Avoir annulé le feu d’artifice, c’est dommage, c’est un peu donner raison aux terroristes», a jugé Océane, 14 ans, déçue, près d’un des écrans géants placés le long de l’avenue, qui a retransmis le spectacle vidéo.

«Je ne voulais pas rester toute seule à la maison avec ma fille», explique sa mère, Sandrine. «Alors on est venue ici, avec une pensée particulière pour les familles dans le deuil», après les attentats. Si plus de 600 000 personnes s’étaient rassemblés le 31 décembre 2014 sur les Champs-Elysées, l’affluence semblait en baisse cette année sur l’avenue.

Et dès minuit cinq, une fois la projection vidéo terminée, la foule commençait à quitter les lieux. «C’était un peu cheap, mais bon vu le contexte on comprend… Maintenant on rentre finir la fête chez nous», lance Arthurn un étudiant.

AFP/M.R.

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