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Metz : 10 ans de prison pour l’épouse qui a poignardé son mari


(Photo : Archives RL)

Jugée libre pour un coup mortel porté à son mari en 2014, Hala Boulkraa avait passé seulement quatre mois en détention provisoire. Mercredi, elle a semblé assommée par le verdict de la cour d’assises à Metz.

Silencieuse lundi, Hala Boulkraa a montré beaucoup plus de caractère et d’émotions mercredi, devant les jurés de la cour d’assises de la Moselle.

Un unique geste du bras, au cours d’une dispute avec son mari qui lui donne une gifle, le 10 août 2014, dans leur appartement de Borny, s’est transformé en coup mortel. Le couteau qu’elle tient à la main, la pointe vers le ciel, se fiche dans la cuisse de Chérif, 33 ans, qui, face à elle, lui retient les poignets. La lame lui sectionne l’aorte près du pli inguinal. Il décède deux jours plus tard à l’hôpital.

Un « accident », répète la jeune femme, mais les proches du défunt voient autre chose. Surprise mercredi en début d’après-midi, leurs avocats, Mes Olivier Rondu et Zakia Ait Ali Slimane, demandent l’aggravation de la qualification des faits.

Leurs clients « ont l’intime conviction qu’il s’agit d’un meurtre », appuyés qu’ils sont sur des versions à géométrie variable de cet épisode encore qualifié de « violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». « Vous n’avez cessé de vous adapter […] Comment le couteau est rentré, c’était volontaire, involontaire, vous aviez envie qu’il meure ? », piquait déjà la partie civile dans la matinée.

L’avocat général Catherine Galen aiguillonnait aussi l’accusée, peignant ses déclarations changeantes aux couleurs du « choc », de la « panique » et de la « peur » quand tout s’est emballé. « Il y a des moments de stress, mais pas tout le temps […]. Est-ce possible de penser que vous avez donné un coup volontaire ? », insiste le ministère public.

«Je regrette d’avoir perdu mon mari»

« Je n’ai même pas senti quand le couteau est entré et sorti », répond Hala. Elle laisse l’impression de peiner à convaincre. Posé jusque-là, son conseil grenoblois, Me Maïlys Marsan, fronce les sourcils. « Il y a des questions auxquelles vous devez répondre. » Des regrets ? « Oui. » Etait-il incohérent de prendre un couteau pour répondre à une gifle ? « Oui. Je regrette d’avoir perdu mon mari et je demande pardon à ma belle-famille. »

Une complainte que Catherine Galen prend comme une stratégie de défense. Incisif, tenace, l’avocat général ne suit pas pour autant la partie civile. Le siège de la plaie fatale à Chérif Boulkraa, le coup unique qui lui a été porté, ne sont pas suffisants à ses yeux pour soutenir une volonté de tuer son conjoint. Au-delà de la déception de son mariage et de la vie à Borny qu’elle découvre après son mariage en Algérie avec la victime, Hala n’avait pas de profonds griefs.

Mais ce n’est pas non plus un « accident », tempère l’accusation avant de requérir 10 ans de réclusion.

Une peine « d’extermination sociale », estime la défense de Me Marsan, qui rétablit le portrait défait de sa cliente critiquée par sa belle-famille. « Elle a fait un mariage d’amour », ni blanc ni gris, mais clair comme les sentiments pour son mari. Au moment des faits, « elle a manqué d’esprit », a été maladroite, mais elle a appelé les secours (réellement affolée) et a pratiqué un massage cardiaque sur leurs conseils. L’avocate pense plutôt à une peine mixte inférieure à 5 ans, mêlant ferme et sursis. Les jurés reviennent avec 10 ans, qui semblent assommer l’accusée.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)

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