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A Cattenom, simulation d’incidents une semaine après Greenpeace


(Photo : AFP)

Hasard du calendrier: moins d’une semaine après l’intrusion de militants de Greenpeace dans la centrale de Cattenom, EDF, l’autorité de sûreté nucléaire et la préfecture ont joué mardi sur un scénario à rebondissements afin de « se préparer au pire », en allant « très très loin ».

Le dernier exercice du genre, qui implique aussi EDF au niveau national, a eu lieu en 2013, explique Laurent Werdenberg, directeur technique de Cattenom, rappelant au passage que la préparation à l’organisation de crise est une obligation légale de la centrale. Alors mardi matin, les 70 personnes d’astreinte en permanence à Cattenom – qui savaient qu’un exercice aurait lieu, mais ignoraient quand, comment et dans quelle mesure – ont eu droit au grand jeu.

Peu avant 08h00, sur les écrans de contrôle de la centrale nucléaire de Cattenom – quatre réacteurs de 1.3000 mégawatts chacun – s’affiche une panne perte d’alimentation électrique, première étape d’un scénario catastrophe préparé depuis plusieurs mois, et qui doit durer toute la journée.

Au fil des heures, ce sont « des accumulations de désagréments » que devront gérer les équipes, explique Didier Tiberi, formateur et l’un des chefs d’orchestre du scenario. « Cela commence avec la perte d’alimentation électrique sur la tranche, puis il y a la rupture d’un tube sur le générateur de vapeur, et des gaines dégradées sur le circuit primaire », le coeur de la centrale, explique M. Tiberi. En clair, un risque de dégagement de vapeurs toxiques à gérer.

« Le plus intéressant pour nous », explique M. Tiberi, c’est « le cumul de problèmes ». A midi, mardi, concentrés dans une réplique parfaite de la salle des réacteurs de la centrale, les employés d’astreinte s’évertuaient donc à trouver une solution pour faire baisser la pression, afin que la vapeur cesse de s’échapper des cheminées.

Mais ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. « On veut tester jusqu’où la résistance de l’organisation peut aller. Donc on est obligé d’aller très très loin aujourd’hui, d’aller vraiment chercher des scénarios qui nous emmènent dans des situations compliquées », explique M. Tiberi.

Confinement en 15 minutes

A une trentaine de kilomètres de la centrale, dans une autre salle soigneusement fermée de la préfecture de la Moselle sont réunis autorités préfectorales, représentants de l’Autorité de sûreté nucléaire, de l’Education nationale. Eux doivent répondre au volet « populations » d’un tel incident.

Assis au bout de la table, Georges Bos, sous-préfet de la Moselle, fait le point avec tout ce monde. Eux non plus ne connaissaient pas la teneur du scenario, et ne sont pas plus avancés sur les suites qui se développeront dans l’après-midi. Pour l’heure, il s’agit de décider s’il faut ou non confiner les quelques milliers de personnes qui se trouvent dans un rayon de 2km autour de Cattenom – « pour de faux », évidemment.

La préfecture – qui a in fine le dernier mot dans ce genre de situation – est confrontée à deux avis divergents: L’Institut de Radioprotection et de sureté Nucléaire (IRSN) préconise de confiner les habitants, les 692 élèves des 5 écoles et du collège qui se trouvent dans le périmètre, et les 95 résidents et employés d’une maison de retraite médicalisée. La centrale, en revanche, se veut rassurante, et souligne n’avoir relevé aucune radioactivité aux différents points de contrôle du site.

« Les maires ont été pré-alertés, les centres ont été pré-alertés, les écoles ont été pré-alertées, c’est-à-dire qu’au moindre clic, en moins de quinze minutes nous sommes capables de confiner toute une population », ajoute M. Bos.

Pour ce qui est de l’intrusion de Greenpeace jeudi, réelle celle-ci, il a fallu 8mn pour interpeller les militants. Le reste des conclusions sont attendues. Mais une chose peut déjà être dite, explique Georges Bos: il n’est pas acceptable que la clôture ait pu être franchie.

Le Quotidien / AFP

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