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A31 : deux idées anti-bouchons


Une autoroute saturée dans un sens et vide dans l'autre. C'est ce que voient tous les frontaliers matin et soir. (illustration Hervé Montaigu)

Pour l’A31 entre Thionville et Luxembourg, la Caisse des dépôts propose un système de péage inversé qui rémunère les automobilistes qui ne prennent pas l’A31 ou un système de modularité des voies pour en offrir trois dans le sens le plus utilisé aux heures de pointe.

Le péage inversé

Le dispositif est inspiré d’une expérimentation menée aux Pays-Bas. Il est développé par Egis, une filiale de la Caisse des dépôts.

Le principe est le suivant : un axe saturé comme l’A31 est équipé, à plusieurs endroits, d’une caméra lisant les plaques d’immatriculation. Celle-ci identifie tous les véhicules qui circulent sur cet axe aux heures de pointe. Le système propose ensuite à ces automobilistes de participer au programme de péage positif. Ceux qui acceptent perçoivent une rémunération de 2 euros pour chaque trajet évité, donc quand il ne passe pas par là aux heures de pointe. Faites le calcul : quelqu’un qui travaille 235 jours par an, en gagnant 4 euros par jour (2 euros à l’aller, 2 euros au retour), peut gagner 940 euros en une année. De quoi l’inciter à modifier ses habitudes de déplacement. À Rotterdam, où le système a été expérimenté auprès de 12 000 participants, le trafic automobile a baissé de 6% aux heures de pointe.

«Nous avons pu mesurer les alternatives utilisées par les automobilistes, révèle Célia Darrisse, chargée de développement pour Egis. Beaucoup ont opté pour le covoiturage, les transports en commun ou ont emprunté une route alternative. Mais nous avons eu surtout une progression importante du télétravail. De nombreux salariés ont enfin choisi de décaler leurs horaires de travail pour pouvoir circuler en dehors des heures de pointe. Ça a fonctionné parce que les employeurs ont joué le jeu.»

Pour des raisons budgétaires, la rémunération ne dure qu’un an. Mais même à la fin du péage inversé, les participants de Rotterdam ont conservé leurs nouvelles habitudes de déplacement, estimant qu’ils y avaient gagné en qualité de vie.

La gestion dynamique des voies

Cette solution est également développée par Egis. «Nous sommes partis d’un constat : dans un même tuyau, on peut faire passer plus de flux, résume Pascal Seum Souk, directeur de développement. Pour cela, il faut agir sur le couple espace-temps.»

À la demande du conseil départemental de Loire-Atlantique, Egis a expérimenté sa solution sur le pont de Saint-Nazaire, qui était congestionné le matin dans un sens, le soir dans l’autre. Concrètement, ce pont dispose aujourd’hui d’une voie centrale qui change de sens de circulation en fonction du moment de la journée, pour mieux absorber les flux du matin et du soir.

«Le résultat a été spectaculaire : du jour au lendemain, nous avons fait sauter le bouchon !», se félicite Pascal Seum Souk. Pour installer la signalisation et réaliser les aménagements nécessaires à cette expérimentation, le conseil départemental de Loire-Atlantique a investi 10 millions d’euros. Dans ses tiroirs, il avait une alternative : un plan de construction d’un nouveau pont chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros…

Dans le cas de l’A31 entre Thionville et Luxembourg, Egis propose donc de mettre à l’étude une solution permettant de transformer les 2×2 voies en 3 voies-1 voie le matin et 1 voie-3 voies le soir. «Ce ne serait pas incompatible avec la création d’une troisième voie définitive, précise le technicien. Mais ça offrirait une solution de court terme peu coûteuse permettant d’améliorer le quotidien des usagers.»

Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)

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