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Affaire Grégory : Murielle Bolle bientôt fixée sur sa demande de libération


Murielle Bolle dans le jardin de sa maison, à Granges-sur-Vologne (Vosges), le 21 juin 2017. (Photo : AFP)

Murielle Bolle va-t-elle retrouver la liberté? La demande de ce témoin clé de l’affaire Grégory en 1984, aujourd’hui écroué, était examinée vendredi par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon.

Âgée de 48 ans, Mme Bolle a été mise en examen le 29 juin pour enlèvement suivi de mort et placée en détention provisoire. Elle a été transférée de la maison d’arrêt de Dijon un peu après 09h00 dans un monospace foncé aux vitres occultées, sous la protection des forces de l’ordre. Adolescente à l’époque des faits, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche du rapt du garçon de quatre ans retrouvé mort dans la Vologne, avant de se rétracter.

Pour l’accusation, la jeune fille de 15 ans aurait changé son témoignage après avoir subi des violences familiales. Le 4 juillet, la chambre de l’instruction avait ainsi décidé de la maintenir en prison en attendant notamment qu’une solution d’hébergement sans contact avec sa famille puisse être trouvée. Un mois plus tard, «tous les éléments permettant sa remise en liberté sous contrôle judiciaire sont réunis», a déclaré Me Jean-Paul Teissonnière, l’un des conseils de Murielle Bolle, citant notamment une possibilité de résidence «très éloignée de sa famille».

«Je crois que ce sera une audience longue, puisque tout a été ressorti par les parties civiles et le parquet», a déclaré Me Teissonnière en arrivant à la cour d’appel de Dijon. Le procureur général Jean-Jacques Bosc s’est opposé à la remise en liberté «pour les nécessités de l’enquête et l’efficacité des actes à venir», arguant que Murielle Bolle ne serait pas à l’abri de pressions, «compte tenu de ce qui s’est passé en 1984».

A l’époque, les toutes premières déclarations de l’adolescente de 15 ans n’avaient pas convaincu les gendarmes. Puis elle avait fini par dire qu’elle se trouvait dans la voiture de son beau-frère, passé prendre le petit Grégory Villemin le 16 octobre 1984, jour de sa mort, avant de le déposer, pensait-elle, chez des amis des parents de l’enfant.

Pressions

Le 5 novembre 1984, Murielle Bolle avait répété ces déclarations devant le juge d’instruction, qui avait décidé en conséquence d’inculper et d’écrouer Bernard Laroche. Mais le lendemain, après une nuit en famille, elle était revenue avec sa mère pour se rétracter, disant avoir parlé sous la contrainte des gendarmes. Son beau-frère avait été libéré début 1985, puis abattu moins de deux mois après par le père de Grégory, Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité.

Si les enquêteurs considéraient déjà comme établi que Murielle Bolle avait été «malmenée» par sa famille le soir du 5 novembre, un cousin de 54 ans est récemment venu apporter de l’eau à leur moulin. Témoignant pour la première fois, il a parlé de «lynchage» et affirmé que sa cousine lui avait confié ce soir-là avoir bel et bien assisté à l’enlèvement. Mais lors d’une confrontation organisée il y a une semaine, les deux cousins sont restés sur leurs positions. «Cela fait 32 ans qu’elle dit qu’elle n’a pas subi de violences de la part de sa famille», a martelé jeudi Me Teissonnière, qui se demande quelles «pressions récentes et actuelles» pourraient justifier le maintien en détention provisoire.

L’affaire Grégory avait été relancée de manière spectaculaire à la mi-juin avec l’arrestation de Marcel et Jacqueline Jacob, grand-oncle et grand-tante de Grégory, soupçonnés d’avoir joués les «corbeaux» de l’affaire, en envoyant une série de lettres anonymes très bien renseignées. Mis en examen pour enlèvement et séquestration suivis de mort, les deux septuagénaires, jamais inquiétés jusqu’alors, avaient été remis quelques jours plus tard en liberté sous contrôle judiciaire strict: domiciliés séparément dans des lieux tenus secrets, avec notamment l’interdiction absolue de parler à la presse.

Selon ses avocats, Murielle Bolle, qui vit très mal sa détention provisoire et a fait une grève de la faim de cinq jours début juillet, acceptera les conditions du contrôle judiciaire que pourrait imposer la chambre de l’instruction pour lui redonner sa liberté.

Le Quotidien/AFP

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