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Alsace : un septuagénaire jugé pour avoir tué sa femme atteinte d’Alzheimer


L'épouse souffrait de la maladie d'Alzheimer depuis dix ans, avait perdu l'usage de la parole depuis cinq ans, et restait alitée depuis deux ans. (illustration AFP)

« J’ai mis fin à ta souffrance, pardonne-moi » : le procès d’un homme de 73 ans s’est ouvert mercredi à Colmar, jugé pour avoir tué son épouse atteinte d’Alzheimer parce qu’il n’en « pouvait plus » de l’accompagner face à la maladie.

« J’ai dû travailler à l’âge de 8 ans, mais ce n’était pas une souffrance. La vraie souffrance, ça a été de devoir faire face à la maladie de ma femme », a expliqué José de Albuquerque à la cour d’assises du Haut-Rhin. Ce maçon à la retraite, qui s’exprime dans un français hésitant avec un fort accent portugais, a été marié pendant 50 ans à Arminda.

Il comparaît libre à son procès pour « assassinat »: la justice lui reproche d’avoir tué son épouse, alors âgée de 70 ans, en lui administrant une vingtaine de comprimés de somnifères, en janvier 2014 à leur domicile de Bassemberg, un village au centre de l’Alsace. Après avoir constaté le décès de sa femme, il avait appelé l’une de ses cinq enfants, puis avait tenté de se suicider en s’ouvrant les veines. Les enquêteurs retrouveront sur place quelques mots griffonnés sur des bouts de papier : « Arminda, j’ai mis fin à ta souffrance, pardonne-moi. José ». Et sur un autre : « c’est la paix pour tout le monde ».

« Il n’a pas été entendu ni écouté »

Au moment du drame, l’épouse souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis dix ans, avait perdu l’usage de la parole depuis cinq ans, et restait alitée depuis deux ans – elle avait des escarres et portait des patchs de morphine.

Ce procès met en lumière « la problématique de la souffrance de l’aidant », a résumé devant la presse l’avocat de l’accusé, Me Thierry Gross. Le mari « a été au bout de ce qu’il pouvait personnellement donner. Il a trouvé comme seule solution de donner la mort à son épouse qu’il aimait profondément ». L’un des enjeux du procès sera de déterminer dans quelle mesure l’accusé était seul pour faire face à la maladie et à la dépendance de sa femme, au chevet de laquelle une infirmière se rendait deux fois par jour. « C’est un homme qui se sentait seul, qui n’a pas été entendu ni écouté. Il pensait, peut-être à tort, que sa femme ne serait pas aussi bien prise en charge dans un établissement hospitalier qu’à la maison », a résumé Me Gross.

Mercredi après-midi, la cour devrait entendre les quatre filles et le fils du vieil homme. Aucun ne s’est constitué partie civile. Après quoi, le septuagénaire devrait être interrogé sur les faits. Le verdict est attendu jeudi.

Le Quotidien/AFP

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