Après Belval, le futur est en marche à Audun-le-Tiche

L’État français en a fait une de ses priorités en matière d’aménagement du territoire. Le chantier de l’Opération d’intérêt national Alzette-Belval va démarrer sur les friches de Micheville.

En apparence, rien ne semble encore indiquer le grand chambardement qui se prépare. En coulisses, pourtant, l’agitation est perceptible. A la hauteur de l’enjeu qui se joue là, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de la frontière luxembourgeoise.

D’ici la fin de l’hiver, les friches de Micheville seront envahies par les grues et les bulldozers. L’Opération d’intérêt national (OIN Alzette-Belval) décrétée en 2011 par le président Sarkozy, entrera enfin dans sa phase opérationnelle. Le début d’un projet qui, à l’horizon 2030, dotera le Pays-Haut mosellan et meurthe-et-mosellan de moyens susceptibles de renforcer durablement l’attractivité de son territoire. Tout en compensant un différentiel de compétitivité évident avec le Luxembourg. Et viendra dessiner avec le Grand-Duché le nouveau visage d’une agglomération transfrontalière en pleine mutation.

Imaginé dès 2003, alors que le nouveau quartier de Belval de l’autre côté de la frontière sortait déjà de terre, le projet immobilier se présente comme l’un des plus ambitieux des quarante dernières années à l’échelle régionale.

Infographie RL

20 000 habitants en plus dans quinze ans

Quelques chiffres pour s’en convaincre : une emprise de l’État sur 5 285 hectares de terrain courant de Boulange à Villerupt, 217 hectares aménageables répartis en 26 zones, 8 600 logements prévus, des milliers de mètres carrés de bureaux et équipements, un établissement culturel, une résidence universitaire, un data-center. Quinze ans de travaux. 360 millions d’euros investis. Et, à terme, 20 000 habitants supplémentaires le long de la frontière.

Le projet, piloté par le ministère du Logement, est résolument tourné vers le transfrontalier. De par ses nombreuses particularités géographiques, économiques et écologiques, il est devenu une priorité pour l’État français. A titre d’exemple, seules treize OIN équivalentes existent en France, dont cinq seulement en province.

Depuis treize ans, l’objectif affiché par cette opération est sans équivoque : redynamiser un secteur niché entre Thionville et le Pôle européen de développement de Longwy, susceptible de répondre aux besoins, entre autres, des travailleurs frontaliers. Avec les répercussions économiques que l’on imagine. Hausse de la démographie, augmentation des commerces et des services, agrandissement ou construction de nouvelles écoles en sont quelques exemples. En clair : des perspectives d’avenir résolument optimistes pour un territoire qui a davantage été marqué par le déclin industriel et démographique depuis quarante ans.

Micheville inaugure le chantier

La première phase des travaux débutera dès le mois de novembre sur la zone d’aménagement de Micheville avec la réhabilitation de l’ancien laboratoire du site industriel. Celui-ci accueillera en 2018 le siège de l’EPA Alzette-Belval (Établissement public d’aménagement), qui assure la maîtrise d’ouvrage, ainsi que celui de la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette (CCPHVA).

Dans un second temps, 52 logements sociaux, 181 habitations traditionnelles, une résidence universitaire et 2 500 m² de bureaux vont sortir de terre d’ici l’été 2018. Les travaux débuteront en décembre. A terme, 1 305 logements formant une écocité, labellisée EcoQuartier par le ministère du Logement, viendront fleurir les 46,44 ha de terrains aménageables. Un second quartier similaire de 600 logements sera construit à Cantebonne, sur la commune de Villerupt, au premier trimestre 2017. Le début d’un énorme chantier qui s’étalera jusqu’aux portes de Belval en 2030.

Damien Golini (Le Républicain Lorrain)