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Après vingt bières, le frontalier percute la voiture des gendarmes


L'homme de 48 ans ne se souvient plus de rien, pas même d'avoir percuté la voiture des gendarmes. (illustration AFP)

Après vingt bières, ce Briotin de 48 ans tente de regagner son domicile. Mais en route, il percute une voiture de gendarmerie. Sans s’en apercevoir…

« Vous avez une voiture de gendarmerie en face de vous, qui fait un peu de bruit et vous fait des appels lumineux, et vous ne remarquez rien ? », s’interroge Michèle Berain, la présidente du tribunal de Briey. « Je suis désolé. Je n’ai aucun souvenir… » Elle poursuit : « Les gendarmes ont l’impression que vous avez fait une embardée pour leur rentrer dedans. » Le prévenu bredouille : « Je ne dis pas que ce n’est pas vrai. Mais je ne me souviens plus. » Emily Bandel, la vice-procureure, va insister : « Vous percutez un véhicule et ce choc frontal ne vous fait pas réagir ? Vous ne sentez rien et vous poursuivez votre route jusqu’à votre domicile ? »

Mercredi 2 août, une patrouille de la gendarmerie d’Audun-le-Roman circule sur le secteur. Sur la D906, ils repèrent un automobiliste à bord d’un Citroën Berlingo blanc à la conduite étrange. Le véhicule fait des embardées sur la chaussée et menace de prendre un rond-point par son centre. Ils lui font signe de s’arrêter. Faute de résultat, ils le doublent et se stationnent 200m en amont du fuyard. Malgré les appels, le prévenu poursuit sa trajectoire… mais percute au passage la voiture des gendarmes. Il sera interpellé chez lui vers 0h40. Sur le parking, le Berlingo porte les stigmates du choc et des traces de peinture bleue.

L’homme de 48 ans fond en larmes

Comme tous les jours, le prévenu se rend à son travail au Luxembourg, où il est technicien SAV. À 16h, c’est la fin de service. Mais il ne rentre pas directement. Il s’arrête à Dudelange dans un premier café, équipé de machines à sous. Une dizaine de bières plus tard, il entre dans une seconde enseigne. À nouveau, il descend une dizaine de bières. « Je ne me souviens déjà plus être sorti de là et d’avoir pris la voiture. » C’est à Trieux qu’il rencontrera les militaires. Il est 22h40. Chez lui, ils le trouveront accompagné d’une bouteille de vodka.

« Lors de l’audition, vous avez confié boire beaucoup plus depuis un mois. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? », tente de comprendre la présidente. « Je suis au bord de la saisie pour mon appartement. Je n’arrive plus à payer… » Les larmes se mettent à couler sur son visage. L’homme de 48 ans place ses deux mains devant ses yeux. Michèle Berain l’invite à s’asseoir. « Vous voulez un verre d’eau ? » Il reprend. Il est à jour sur les traites du crédit, mais ne parvient plus à payer les charges. « Vos collègues ont dit qu’ils ignoraient tout de vos problèmes personnels. Vous n’avez pas d’amis à qui vous confier ? » À nouveau, les larmes.

Des problèmes d’alcool depuis 2008

Le Briotin a déjà été condamné à quatre reprises, dont plusieurs pour conduite sous l’empire d’un état alcoolique. La dernière remonte à mars 2016, délivrée par un tribunal luxembourgeois, pays où il avait interdiction de conduire.

Il promet d’arrêter. Mais sa parole ne suffit pas à la vice-procureure. « J’aimerais vous croire, mais je vois que vos problèmes d’alcool remontent à 2008… Je demande à ce tribunal de ne pas considérer les faits comme un accident. Et pour cause, cet homme s’alcoolise à outrance pendant deux heures, il réussit à parcourir une trentaine de kilomètres jusqu’à son domicile. C’est déjà un miracle qu’il n’y ait pas eu d’autres accidents ! » Elle poursuit : « On vous a déjà condamné à des amendes, des stages, des suspensions de permis et rien ne vous a marqué. Je demande à ce qu’une peine conséquente soit prononcée pour qu’il puisse tomber et se relever. »

Il écope de 18 mois d’emprisonnement, dont 6 avec sursis. Son permis a été annulé et il a l’interdiction de le repasser avant un an. Il a été maintenu en détention.

Claire Pieretti (Le Républicain Lorrain)

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