Accueil | Grande Région | Coronavirus et Grande Région : la communication politique ne s’arrête pas

Coronavirus et Grande Région : la communication politique ne s’arrête pas


La ministre à la Grande-Région, Corinne Cahen, exprime sa grande solidarité avec la région voisine du Grand-Est ce dimanche (Photo d'archives : Tania Feller).

La communication politique ne s’arrête pas avec la crise du coronavirus. Alors que la région du Grand-Est est durement touchée (1 767 contaminées ce dimanche), la ministre luxembourgeoise Corinne Cahen se targue d’un élan de solidarité en annonçant l’accueil de « patients de Mulhouse » pour des soins intensifs. Beau geste, assurément. Qu’il paraît toutefois indécent de surexposer, en cette période de crise, quand on sait ce que pèse l’apport dans le secteur médical luxembourgeois des travailleurs… de la région Grand-Est, justement.

Selon un rapport remis en octobre 2019 au gouvernement luxembourgeois, les frontaliers pèsent pour plus de 60% dans le secteur médical et hospitalier luxembourgeois. Ce dont d’autres responsables politiques sont parfaitement conscients, tel le député (DP aussi) Gilles Baum, qui a salué  » l’engagement exemplaire » des frontaliers du secteur médical en début de semaine, à la Chambre.

Dans un jeu de vase communicant qui n’est pas exclusif – notons-le – des problèmes du système de soin français, certains de ces frontaliers sont aussi ceux qui manquent dans les structures médicales frontalières, aspirés par des salaires imbattables du côté luxembourgeois. France Bleu Lorraine faisait état de 1/3 des promotions d’infirmières mosellanes qui partent chaque année au Grand-Duché dans un article en date de 2019.

Les médecins et praticiens sont aspirés jusque Thionville et Metz. En 2019, un cardiologue messin confirmait au Quotidien que les recrutements se font par réseaux de façon « extrêmement attractive, jusque dans les couloirs de l’hôpital [de Metz] ». Que dans ce contexte, rester dans le public français relève du sacerdoce, alors que les structures privées comme  les structures luxembourgeoises font régulièrement des appels du pied.

La bonne opération des cotisations sociales aussi

Notons un dernier paramètre : d’une manière plus globale, 46% de l’économie luxembourgeoise tourne avec l’apport des frontaliers (25% de Belges, 25 % d’Allemands et 50% de Français). Ces derniers payent des cotisations sociales sur les standards des praticiens luxembourgeois. Mais lorsque les caisses luxembourgeoises remboursent les caisses sociales voisines (quand le frontalier va chez le médecin chez lui…), un delta confortable reste dans les caisses luxembourgeoises.

Pour l’année 2017,  183 millions d’euros restaient dans les caisses après l’exercice. Cette somme représente la différence entre les cotisations perçues des travailleurs frontaliers au bénéfice du Luxembourg, et les remboursements effectués directement  auprès des caisses de sécurité sociale des pays voisins.

Alors oui, le Luxembourg aide la région voisine aujourd’hui. Mais fallait-il vraiment en faire un exercice de communication tronquée ?

Hubert Gamelon

Sept patients

Selon la ministre de la santé Paulette Lénert, ce sont sept malades français qui seront soignés au Grand-Duché, dont deux au CHL.

 

 

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.