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En Moselle, le bois s’arrache à prix d’or


Les bois précieux, d'une envergure impressionnante, ont été stockés tous ensemble dans un parc à grumes situé à Saint-Avold, en Moselle-Est. (Photo: Le Républicain Lorrain)

Alors que le débat sur l’export des bois du Grand Est vers la Chine reprend de plus belle, une vente d’essences d’une qualité exceptionnelle s’est tenue jeudi en Moselle. Les lots de chênes s’y sont arrachés à prix d’or.

Un chêne de Fénétrange, dans le pays de Sarrebourg, a été l’une des vedettes de la vente de bois qui s’est déroulée, jeudi, à Rosselange, près de Metz. Cette grume exceptionnelle de 2,5 m³ y a été achetée pour la coquette somme de 1 679 euros le m³. L’acheteur est un trancheur allemand. Il va la découper en feuilles ultraminces, d’une épaisseur parfois inférieure au millimètre, pour réaliser du placage d’ameublement. Un travail d’orfèvre qui prouve que le bois lorrain peut parfois se muer en produit de luxe.

Organisée par l’Office national des forêts (ONF) de Moselle et les services forestiers allemands des Länder de Sarre et Palatinat et ceux du Luxembourg, la 25e vente internationale de bois précieux a tenu toutes ses promesses. Créé en 1994, ce rendez-vous vise à répondre aux exigences du marché et à valoriser ces essences précieuses. Car si ces arbres, vieux de 80 à 450 ans, pèsent moins de 0,2 % du volume de bois vendu, ils rapportent gros. Le produit de la vente de jeudi s’élève ainsi à 331 600 euros pour les seuls lots mosellans.

À la différence des essences de moindre qualité, dont est friand le marché chinois, ces grumes haut de gamme focalisent l’attention de transformateurs spécifiques. Ceux de la menuiserie fine, de la marqueterie, des instruments de musique ou de la tonnellerie.

«1 000 km pour voir les plus belles pièces»

«Nous mettons chaque année de côté nos plus belles pièces issues des forêts communales et domaniales. Elles font l’objet d’un traitement particulier, sont présentées dans un catalogue et exposées dans un parc à grumes à Saint-Avold. Certains acquéreurs ont fait jusqu’à 1 000 kilomètres pour les voir. Ils avaient jusqu’à mercredi pour formuler une offre», explique Claude Xemard, chef du service bois à l’agence ONF de Sarrebourg. Autour de lui, des dizaines d’agents ouvrent les plis et consignent chaque offre sur ordinateur.

Le mieux-offrant décroche le lot. Jeudi, la quasi-totalité des 1 700 m³ présentés par la Moselle, la Sarre, le Palatinat et le Luxembourg ont trouvé preneur auprès d’acheteurs essentiellement allemands et français ou issus de pays limitrophes. Les 200 lots mosellans (500 m³) ont ainsi fait l’objet de sept offres en moyenne. Soit 36 % de plus que lors de la vente de 2017.

« Le marché du chêne est euphorique »

Avec une mention spéciale pour le chêne, qui déchaîne en ce moment les passions. «Longtemps, c’est l’alisier torminal qui a tenu le marché, avec des prix pouvant parfois dépasser 10 000 euros le m³. Mais aujourd’hui, c’est le marché du chêne de qualité qui est euphorique», reconnaît l’ONF de Moselle. Seulement deux de ses lots n’ont pas été vendus jeudi. Les autres sont partis pour une moyenne de 721 euros/m³. Pas mal, quand on sait que, toutes essences et catégories confondues, le prix moyen du m³ de bois vendu en forêt publique a été de 44,50 euros en 2016.

Le merisier séduit de moins en moins, même si, cette année, il a réservé une belle surprise à l’ONF avec un prix moyen en augmentation de 30 % (382 euros le m³). L’érable sycomore, en revanche, est en chute libre. Car le marché du bois de luxe n’échappe pas aux modes.

Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)

 

 

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