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Intrusion à la centrale de Cattenom : des jours amende requis contre Greenpeace


Les soutiens aux prévenus sont venus en nombre, mercredi à Metz. (photo AFP)

Des peines de jours amende ont été requises mercredi à l’encontre de huit militants de Greenpeace, jugés en appel à Metz pour s’être introduits sur le site de la centrale nucléaire de Cattenom en 2017. La décision sera rendue le 15 janvier.

« Prononcer une peine d’emprisonnement est contre-productif au vu des circonstances de la commission des faits, du contexte et de la personnalité » des prévenus, a estimé l’avocat général, Julien Le Gallo. Il a réclamé « 300 jours amende à 3 euros » contre deux hommes, déjà condamnés pour s’être introduits sur un site nucléaire. En première instance, à Thionville en février 2018, ils avaient été condamnés à deux mois de prison ferme.

« Des lanceurs d’alerte »

L’avocat général a requis « 150 jours amende à 3 euros » à l’encontre de six prévenus et de Yannick Rousselet, directeur de la campagne nucléaire de Greenpeace, poursuivi pour complicité. Ils avaient écopé de cinq mois de prison avec sursis. Une peine d’amende de 20 000 euros a été requise contre l’ONG, représentée par son directeur général, Jean-François Julliard.

Les huit prévenus, cinq hommes et trois femmes, âgés de 29 ans à 50 ans, ont reconnu à la barre leur participation à cette action, « nécessaire » selon eux pour alerter sur « le danger du nucléaire ». Vêtus d’une combinaison orange et munis d’une échelle, d’une disqueuse portative et de pinces, ils avaient franchi trois clôtures pour pénétrer sur le site de la centrale mosellane. Ils avaient tiré un feu d’artifice près du bâtiment abritant la piscine à combustibles, selon eux, avant d’être interpellés. La préfecture de Moselle et EDF avaient écarté la possibilité qu’ils aient pu accéder à la zone nucléaire.

« Le but de cette action était d’illustrer les failles de sécurité que nous avons identifiées dans les centrales nucléaires » et plus spécifiquement la vulnérabilité des piscines à combustibles, et « de montrer que l’on peut relativement facilement aller au contact de ces bâtiments-là », a exposé Jean-François Julliard. L’ONG revendique « 14 intrusions de centrales », des actions « non-violentes » réalisées par « des lanceurs d’alerte », a-t-il souligné.

Prévenus applaudis

« La manière dont on est entré dans la centrale n’a pas fait de dégâts et on a eu une reconnaissance institutionnelle » avec la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire en 2018, a rappelé une des prévenues. « Des failles » dans la sécurité des installations nucléaires avaient été identifiées par la commission d’enquête qui a préconisé 33 mesures pour les pallier. La défense a plaidé la relaxe, avançant « l’état de nécessité ». « Les actions, les alertes, les communications, tout est resté sans réponse. Il n’y a que l’intrusion qui a fait un peu bouger les lignes », a estimé Me Marie Dosé, faisant référence à la commission d’enquête. « Ce jour-là, ils ont accompli leur devoir pour l’intérêt général, pour chacun d’entre nous », a-t-elle dit.

L’avocat général et la partie civile ont balayé cet argument, relevant qu’il n’y avait « pas de péril imminent ». Le fournisseur d’électricité a réclamé près de 211 000 euros pour le préjudice matériel et économique ainsi que 500 000 euros pour le préjudice moral en raison de « l’atteinte à la crédibilité d’EDF », a annoncé son avocat Thibault de Montbrial. « Tout est fait pour pointer la prétendue fragilité des sites nucléaires. Cette petite musique lancinante a pour vocation de dire qu’EDF n’est pas capable d’assurer la sécurité de ses installations », a-t-il justifié.

A la fin de l’audience, les prévenus ont été applaudis par des militants venus les soutenir. Poursuivis pour « intrusion en réunion et avec dégradation dans l’enceinte d’une installation civile abritant des matières nucléaires », ils encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

LQ/AFP

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