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Joeuf : le premier stade où a joué Michel Platini menacé de démolition


Michel Platin et Michel Keff lors du centenaire de Joeuf en 2009. (Illustration : Archives RL)

Dans les années 1960, un gamin d’une dizaine d’années y a tapé dans ses premiers ballons, avant de devenir une star planétaire: l’ancien stade de Joeuf, petite ville de Lorraine où a grandi Michel Platini, est aujourd’hui menacé de destruction, au grand dam des proches de « Platoche » et des nostalgiques.

Situé au bord d’une rivière, à la périphérie de cette ville de 6 600 habitants au nord de Metz le stade Sainte-Anne est désaffecté depuis plusieurs années: il n’a plus de cage aux extrémités du terrain, ni de ligne blanche tracée sur la pelouse. Seule une tribune en pierre, quasiment en ruines, envahie de lichens et de tags, rappelle que plusieurs générations de footballeurs amateurs ont joué ici, avant qu’un nouveau complexe sportif, baptisé… Michel Platini ne soit construit sur les hauteurs de la ville.

C’est pourtant bien ici, au stade Sainte-Anne, que Michel Platini, né à Joeuf en 1955, a fait ses débuts amateurs, sous la houlette de son père Aldo, entraîneur. A 11 ans, le jeune Michel prend sa première licence à l’AS Joeuf, où il évoluera jusqu’à son départ chez les professionnels, à Nancy, à l’âge de 17 ans. Il deviendra ensuite meneur de jeu emblématique de l’équipe de France, triple ballon d’or, puis président de l’UEFA, avant d’être emporté par les « affaires ».

Cette tribune en pierre, « pour moi, c’est le dernier témoin du passage de Michel ici. Il y a beaucoup de nostalgie », avoue Michel Keff, ami d’enfance de l’ancien stratège des Bleus, qui habite toujours sur place. « La tribune principale pouvait contenir 300 ou 400 personnes. Il y avait une verrière qui n’existe plus. En dessous, quatre vestiaires, ce qui était exceptionnel à l’époque », détaille le sexagénaire. L’intérieur des vestiaires n’est qu’un tas de gravats et de détritus régulièrement squatté. Les herbes folles ont pris leur aise. Toutes les vitres ont explosé. Certains blocs de la tribune sont fissurés.

« Un crève-coeur »

Au vu de cet état de dégradation, le maire de Joeuf, André Corzani, a inclus l’ancien stade dans un vaste plan de réhabilitation de plusieurs secteurs de la commune: il prévoit de le raser d’ici 2018 ou 2019 et de faire de cette plaine située à l’écart de la ville une aire de détente. Beaucoup de ceux qui ont joué sur ce pré se sont étranglés à l’annonce du projet, même les plus anonymes qui ne connaissent pas Michel Platini mais qui restent attachés à cet endroit qui a vu s’émanciper la plus grande personnalité de Joeuf.

« Cette tribune, c’est une verrue. Mais il faut la rénover, en faire comme un monument. J’apporterai mon soutien pour la sauver car elle est liée à l’histoire du foot à Joeuf », argumente Hervé Thierry, actuel président du club local dont les équipes réserves jouaient encore à Sainte-Anne en 2009. Quelques proches de l’ancien capitaine des Bleus ont proposé des solutions alternatives. Michel Keff suggère ainsi d’installer sur le site de l’ancien stade un « espace de restauration », « un terrain de beach soccer, des jeux d’adresse, de coups francs, des parcours ballon au pied pour garder l’esprit de Michel ».

Le maire valide les propositions concernant les jeux, mais reste inflexible sur la tribune. Ce lieu fait certes « partie de l’histoire locale » et « il faut le valoriser », admet l’édile. Mais « cette tribune sera rasée. Elle est à l’abandon depuis des décennies, il ne faut pas s’attacher à un tas de pierres. C’est une ruine dangereuse, qui n’a aucun intérêt architectural, et située en zone inondable », plaide M. Corzani. Les proches de Platini – qui doit revenir courant septembre à Joeuf – ont prévu de lui parler du projet de démolition. « Ce serait un crève-coeur pour lui », avance son ami Michel Keff. « Quand il vient à Joeuf, il aime marcher ici, entrer dans ces vestiaires. Il est chez lui ».

Le Quotidien/afp

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