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« Le projet télétravail doit avancer » côté français et luxembourgeois


"L’État luxembourgeois n’a pas vocation à financer les espaces de coworking que nous imaginons côté français", explique Pierre Cuny, président de Portes de France Thionville. (illustration Fabrizio Pizzolante)

Le Luxembourg réfléchit à la problématique du télétravail pour les frontaliers mais n’envisage pas de financer les espaces de coworking en France. Ça tombe bien : « Il n’en a jamais été question », rappelle Pierre Cuny.

Le président de l’agglomération Portes de France Thionville plaide pour le développement du télétravail pour les frontaliers. Il se réjouit que l’idée fasse avancer le débat au Luxembourg, même s’il reste du chemin à parcourir.

Lorsque Nicolas Schmit, ministre du Travail grand-ducal, dit que l’État luxembourgeois ne subventionnera pas les entreprises qui développeraient du télétravail en France, que répondez-vous ?

Pierre Cuny : Qu’il a parfaitement raison. De toute façon il n’en a jamais été question ! L’État luxembourgeois n’a pas vocation à financer les espaces de coworking que nous imaginons côté français. En revanche, je pense que le télétravail est une solution d’avenir qui permettra d’alléger les problèmes de mobilité, de santé et d’efficience des salariés au travail.

Courant août, vous avez déclaré à nos confrères du Tageblatt que les salariés français devaient faire, je cite, « pression sur leurs employeurs pour travailler un jour par semaine dans un espace de coworking » en France. Vous y êtes allé un peu fort…

Je ne sais pas comment mes mots ont été interprétés. J’assume mon statut d’agitateur d’idées mais je ne veux froisser personne. Il n’est pas question de faire pression mais ce que je veux dire, c’est que dans dix ans, le télétravail que nous encourageons aujourd’hui sera complètement généralisé. Dans ces conditions, je pense incontournable que le sujet entre dans les discussions au sein des entreprises. Cela doit faire désormais partie du dialogue social […] Avant de décider la construction d’un immeuble de coworking à Thionville, nous avions interrogé une quinzaine de grandes entreprises luxembourgeoises : 75% étaient favorables à l’idée de développer le télétravail. Cela signifie qu’il y a une attente.

L’État luxembourgeois voit-il finalement d’un bon œil la proposition que vous avez mise sur la table ?

Oui, je le pense. Bien sûr, le sujet appelle des questions, c’est tout à fait normal. Il s’agit d’une révolution et les choses sont encore en train d’infuser. Cela étant, il faut comprendre que l’on part de zéro ! Il y a un an, personne n’en parlait ! Je me suis emparé du sujet à travers le problème de la mobilité de nos concitoyens. Depuis, les lignes ont énormément bougé : le dossier a été repris à la conférence intergouvernementale en décembre ; la Région a inscrit le télétravail dans son schéma général de développement. Nous-mêmes, à Thionville, nous poserons la première pierre du futur S-Hub, l’immeuble qui accueillera des espaces de coworking, le 18 octobre… Le lendemain, l’association Entreprendre en Lorraine nord organise une table ronde sur le sujet, justement en présence de Monsieur Schmit et moi-même…

Encore une fois, je n’ai pas de leçon à donner aux Luxembourgeois mais il faut que l’on avance. Nous sommes sur un projet gagnant-gagnant. Au cours de la décennie à venir, le Grand-Duché projette de créer 140 000 emplois ; 60% seront occupés par des salariés français. À un moment donné, il faudra bien accéder physiquement à son poste de travail. Si on n’aménage pas les temps de travail, ce sera chose impossible.

Entretien avec Chrystelle Folny (Le Républicain Lorrain)

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